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Vendredi (11/02/05)
Couple, amour et sécurité
Celui que je préfère, c'est le chiffre deux, chante Sacha Distel. Le couple est-il une solution ? Les couples de l'année. Scènes de le vie conjugale, Mariage, Une partie de plaisir... Au cinéma, les problèmes du couple font recette, de même que dans la plupart des journaux féminins. Tiens c'est bizarre, aujourd'hui je suis amoureux de ma femme, chante Richard Anthony. De toutes mes idylles J'en ai fait le tour, aujourd'hui, je sais que c'est toi mon unique amour – c'est tout à fait normal lui répondent les choeurs.
Ecrit par libertad, à 00:56 dans la rubrique Le quotidien.
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Samedi (05/02/05)
Lettre à mon père

Lu sur : Bangbang « Est-ce parce que je me suis mis dernièrement a réfléchir a mon coming-out que j'ai fais il y a cinq ans ? Je ne sais pas mais toujours est-il que j'ai écrit à mon père, le patriarche, ce que je n'avais jamais fait. J'ai voulu publier cette lettre parce que ça m'aide et me fait du bien et parce que c'est aussi la lettre d'un PD a son père :

Ecrit par libertad, à 18:24 dans la rubrique Le quotidien.
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Violence dans la conjugalité
Le couple tue, plus que le cancer, plus que la route, selon un rapport du Conseil de l'Europe. Et on ne fait rien ?
Ecrit par libertad, à 18:20 dans la rubrique Le quotidien.
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Amour et autres gros mots dans un certain milieu alterno
Lu sur Gendertrouble.org : "Texte écrit d’une traite lors d’un moment douloureux. À lire avec le recul nécessaire, à prendre comme une dissection mi-lucide mi-passionnée d’un bout de mon ventre après les moments passés. Plutôt que de le retoucher, j’ai préféré en annoter quelques passages ambiguës avant de le diffuser.
Ecrit par libertad, à 17:59 dans la rubrique Le quotidien.
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Mercredi (24/09/03)
Variations et permanence de la division sexuelle du travail : le cas du travail domestique

Lu sur Nouveau millénaire, Défis libertaires : "Les changements dans l’activité professionnelle des femmes depuis les années 60 ont pu faire croire à la disparition de la division sexuelle du travail. Nous chercherons ici au contraire à en montrer l’actualité. Nous verrons comment, dans la société française contemporaine, il existe toujours des « travaux d’hommes » et des « travaux de femmes ». La place des femmes dans le monde professionnel restant marquée par leur assignation prioritaire à la sphère domestique, elles subissent une inégalité qui redouble celle connue au sein de la famille.

Ecrit par libertad, à 23:32 dans la rubrique Le quotidien.
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Mercredi (27/08/03)
Bernard Cantat, Simone Weber et nous

La mort de Marie Trintignant est l'occasion d'un délire médiatique assez bien résumé sur le site Acrimed ( 1 ) du Figaro Magazine à Marianne le but final est de déconsidérer l'anarchisme par des amalgames plus que douteux, JF Kahn n'hésitant pas à écrire : « Mais - et c'est peut-être l'essentiel - le leader de Noir Désir, qui irradie sur scène sa propre fièvre de liberté en la projetant sur le public comme sur le monde, se réclame de l'anarchisme "libertaire". », enfonçant le clou par une généralisation abusive, il conclut : « L'idéologie libertaire, dans l'histoire, est l'une de celles qui ont le plus détruit de corps au nom d'un irrépressible désir, pas toujours noir, de libérer les esprits pour faire le bonheur des intelligences. » On voit bien ici l'opération de récupération politique d'un fait divers et l'exploitation de la souffrance et de la mort pour une triste opération de dénigrement du courant libertaire devenu sans doute dangereux pour le pouvoir en place qu'il importe de faire feu de tout bois pour le décrédibiliser. Bien sûr il n'est pas question de vouloir affirmer ici qu'un militant anarchiste doive être soutenu à tout prix quelque soit ses actes et la violence à l'égard des femmes est inadmissible et ignoble mais le détournement qui s'opère à l'occasion de cette affaire est scandaleux à un double titre, parce qu'il permet à la droite de jeter son fiel sur les anars : on ne s'attendait pas à autre chose mais également par la concours prêté par le victimisme à cette manipulation. En effet certains groupes féministes tentent de récupérer, la mort de Marie Trintignant pour en faire le symbole des femmes battues. Tout cela bien sur ne justifie en rien le geste de Cantat et je trouve assez lache son attitude ou du moins celle de son avocat, parlant "d'hystérie" chez sa compagne, il faut assumer ses actes et s'il l'a aimé il est indigne de parler ainsi d'elle.

Ecrit par libertad, à 23:06 dans la rubrique Le quotidien.
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Vendredi (25/04/03)
Éducation ou conditionnement sexiste ?
Durant mes études d’institutrice, j’ai eu l’occasion de voir toute une série d’expériences pédagogiques ayant pour but de mettre en évidence certaines règles et certaines constantes en matière éducative. Voici deux expériences qui m’ont particulièrement interpellée dans leur mise en évidence du conditionnement raciste et/ou sexiste auxquels sont soumis les élèves dès leur plus jeune âge.

Dans les années ‘60, une institutrice américaine, outrée par la société raciste dans laquelle elle vivait, a fait une expérience avec ses élèves de 8 ans (classe mixte). Un matin, elle leur a dit "j'ai lu une étude scientifique toute récente et vraiment révolutionnaire. Il est prouvé que les enfants qui ont des yeux bruns travaillent beaucoup mieux à l'école que les enfants qui ont les yeux bleus. Alors je vais appliquer cette nouvelle découverte scientifique avec vous."

Pour que tout le monde puisse facilement reconnaître les enfants aux yeux bleus, elle leur a demandé de porter une collerette autour du cou. Puis elle a commencé ses leçons de façon habituelle.

Chaque fois qu'un enfant aux yeux bruns donnait une bonne réponse, elle ajoutait "très bien. Mais c'est tout à fait normal, tu as des yeux bruns". Chaque fois qu'un enfant aux yeux bleus faisait une erreur, elle disait "bah, c'est normal que tu te sois encore trompé: tu as des yeux bleus". Elle prenait parfois toute la classe à partie "les enfants, pourquoi John n'arrive pas à résoudre ce problème?". Réponse en cœur : "parce qu’il a les yeux bleus", "pourquoi Paula a eu les meilleurs résultats au dernier contrôle ?". Réponse en cœur : "parce qu'elle a des yeux bruns".

Concernant la récréation, l'institutrice a décidé que, puisque les enfants aux yeux bruns sont plus intelligents et travaillent mieux, ils avaient le droit de jouer sur toute la cour. Les enfants aux yeux bleus ne pouvaient jouer que dans un tout petit espace qui leur était réservé.

Au fil des jours, les résultats des enfants aux yeux bleus devenaient de plus en plus mauvais. Ils perdaient confiance en eux, n'osaient plus demander la parole de peur de commettre une erreur et d'être la risée des autres. Certains devenaient agressifs, ce à quoi l'institutrice répondait par "vous voyez, les enfants, quels sont les enfants qui se sont encore battus dans la cour ?"
- "deux enfants aux yeux bleus"
- "pourquoi?"
- "parce qu'ils sont des yeux bleus, ils sont plus bêtes, ils ne savent pas jouer sagement pendant la récréation. Ils sont agressifs, ils cherchent toujours à se battre..."

Après trois jours, tous les enfants aux yeux bruns avaient des résultats très bons, étaient attentifs en classe, participaient, prenaient la parole avec beaucoup de confiance en eux. Tandis que tous les enfants aux yeux bleus avaient de mauvais résultats, étaient turbulents, agressifs ou taciturnes et repliés sur eux-mêmes.

Le quatrième jour, l'institutrice dit "j'ai relu l'étude scientifique. Je me suis trompée. Ce ne sont pas les enfants aux yeux bruns qui sont les plus intelligents, mais les enfants aux yeux bleus. Que chaque enfant qui porte une collerette la donne à un enfant aux yeux bruns". Et pendant les trois jours qui ont suivi, elle s'est comportée de la même façon, en valorisant systématiquement les enfants aux yeux bleus et en rabaissant et dénigrant les enfants aux yeux bruns.

Les enfants aux yeux bleus ont pris leur "revanche" et ont obtenu des résultats très bons. Tandis que les enfants aux yeux bruns sont devenus plus mauvais.

A la fin de la semaine, l'institutrice leur a dit "cette étude scientifique n'existe pas. Il n'y a pas de rapport entre la couleur des yeux et les résultats scolaires". A la grande joie des élèves ! Puis ils ont analysé leurs comportements respectifs pendant cette semaine et ont exprimé ce qu'ils ont ressentis dans chacune des situations. Enfin, ils ont fait le parallélisme avec leur société raciste et ont compris pourquoi les Blancs avaient de bien meilleurs résultats que les Noirs à l’école et dans les vie (et pour la petite histoire, on a interviewé ces enfants 20 ans plus tard et ils sont tous devenus d'ardents militants anti-raciste).


Mais quel rapport avec le sexisme?

Outre le fait que le racisme et le sexisme fonctionnent sur les mêmes ressorts, il est intéressant de constater qu'on peut facilement influencer les résultats scolaires et le taux de réussite des enfants vers le haut ou vers le bas, soit en les encourageant et les valorisant, soit en les rabaissant, les ridiculisant ou les dénigrant.

Il arrive souvent que lorsqu'une petite fille n'arrive pas à résoudre un calcul, on lui dise "c'est normal que tu n'y arrives pas, tu es une fille, tu es plus forte en lecture". Et inversement "tu n'aimes pas lire, c'est normal, tu es un garçon, les garçons sont plus forts en math". Non seulement l'instituteur-trice tient parfois ce discours (de plus en plus rarement, j'espère), mais les parents le disent, les amis, l'entourage, les médias, la société en général... Et donc, à force d'avoir conditionné les enfants de la sorte, on finit par constater qu’effectivement, les garçons sont globalement plus forts en math et les filles sont globalement plus fortes dans les branches littéraires.


Voici une autre expérience plus récente portant sur la résolution de problèmes à l'école.

Les problèmes sont composés de deux parties: une partie de compréhension à la lecture (énoncé du problème) et une partie mathématique (résolution du problème). Pour l’expérience, l'exercice a légèrement été camouflé pour que les enfants ne reconnaissent pas au premier coup d'oeil qu'il s'agissait de problèmes: l'énoncé a été présenté légèrement différemment des problèmes classiques, même s'il s'agissait à 100% d'une compréhension à la lecture. De même pour la partie mathématique, les nombres et les signes + - = ont été remplacés par d'autres signes logiques.

Les élèves ont été répartis en deux groupes mixtes. Dans le premier groupe, l'exercice a été présenté comme une compréhension à la lecture. Dans le second groupe, ce même exercice a été présenté comme un exercice de logique mathématique.

Résultat: dans le premier groupe, les filles ont globalement mieux réussi l'exercice, dans le second, c'était les garçons…

Mwana Muke
Ecrit par Mwana Muke, à 23:36 dans la rubrique Le quotidien.
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Dimanche (09/02/03)
Viol ? Violence ? L’apprentissage commence tôt !
Au risque de passer pour simpliste (mais je m'en moque), je commencerai par incriminer la « violence-vidéo » que télévision, films et jeux vidéo distillent chaque jour à toutes les tranches de la population, y compris chez les plus jeunes. Il est évident que ce n'est pas la seule cause, mais il est tout aussi évident que si on veut essayer de conjurer un phénomène qui se généralise, il ne faut rien laisser au hasard. Et puis, il faut bien commencer quelque part.

Je reproposerai donc ici un "remake" de deux de mes interventions (sur place-des-fêtes) à propos d'une émission de télé qui discutait l'interdiction d'un jeu-video violent aux mineurs.

Le fait qu'on pense à faire des émissions de télé sur la question est bien la preuve que « problème il y a ». On ne peut pas ne pas convenir que la violence chez les mineurs est en recrudescence. Alors peut-on délibérément nié l'impact du vidéo violent (télévision-films-jeux), répétitif et martelant?

Pour un « individu adulte » sain d'esprit, les phantasmes peuvent être vécus sans qu'ils deviennent réalité. Par contre si on peut estimer que des jeunes de 14-15 ans devraient avoir la maturité d'esprit suffisante pour savoir où ils doivent s'arrêter, on ne sait pas si ces mêmes jeunes de 14-15 ans qui arrivent à organiser/participer à un viol collectif n'ont pas appris implicitement, dès leur plus jeune âge (4-5 ans), que la mort est seulement sur l’écran, et qu'on peut commettre des actes violents sans qu'il y ait des conséquences.

Pour ma part, je suis convaincue que les enfants ont plus de difficultés que les adultes à séparer la réalité de la fiction parce qu'étant plus jeunes ils sont plus influençables et plus malléables, et je suis convaincue que les jeux-vidéo violents et répétitifs (tout comme les films violents à la télé avant 22 heures) ont un impact négatif, l'adulte étant en bonne partie le prolongement de l'enfant qu'il a été.
Leur influence n'est pas à sens unique, vers une violence sans contrôle. Elle peut tout aussi bien habituer le subconscient à supporter plus qu'il ne devrait, faussant les paramètres de tolérance.
Par exemple, en ce qui concerne les viols, les filles peuvent tout aussi bien être incapables de reconnaître le danger qu'elles courent quand les premiers signes apparaissent.

Le jeu-vidéo est sans aucun doute un défoulement, mais heureusement, il en existe beaucoup qui ne sont pas violents. Car le jeu, qu'on le veuille ou non, APPREND TOUJOURS quelque chose, c'est UN FAIT incontestable. Toutes les sociétés en sont conscientes, même les plus primitives. Le jeu est une école comme une autre, et il laisse son empreinte sur les esprits plus fragiles que sont ceux des enfants. Et quand le jeu-vidéo est violent, il éduque « implicitement et en bloc » aux réflexes rapides et à l'absence de sentiments... Tout en te vidant la tête...
Quoi de mieux comme lavage du cerveau? Quoi de plus cynique comme formation ?

Alors on peut se poser une question : n'y a-t-il pas une certaine volonté derrière l'énorme diffusion de la violence vidéo ?
La société d'aujourd'hui requiert une énorme promptitude d'esprit, tout en grignotant de plus en plus le temps de la réflexion. Alors, s'agit-il d'« accentuer les réflexes tout en émoussant les sentiments»? Si le secret était là ?

Et pourtant, chacun d'entre nous possède en soi une part de violence. Depuis toujours, tous les mômes (ou presque) ont joué à la guerre. Le problème, à mon avis, ce n'est pas la violence, c'est l'absence de maîtrise de la violence.
Dans les jeux violents avec contacts réels, les enfants apprennent à maîtriser, doser, contrôler leur violence, et à se confronter avec les autres.
Dans les jeux-vidéo violents, il n'y a ni mesure, ni dosage, ni contrôle, tout est permis, et si on meurt, et bien on n'est pas mort et on recommence, et si on viole ce n'est pas vrai parce que l'autre n'est que virtuel.
Les phantasmes violents ou porno ne sont pas nés avec les jeux-vidéo, mais les jeux-vidéo violents permettent aux enfants de concrétiser leurs phantasmes sans qu'ils aient à se confronter (donc à se mesurer) avec le "réel" qu'est le jeu, même violent, avec ou contre des copains. Et c'est là où est le danger.
Les jeux violents réels enseignent à vivre en société.
Les jeux violents virtuels enseignent que tous les coups sont permis et que l'autre n'existe pas: la seule chose qui compte, c'est d'arriver à ses fins.

Toujours à propos de manipulation, je viens de lire un article sur le site d'Angward : « Ainsi périt le monde ». Je vous le conseille : très évocateur et très instructif à propos de "l'opportunité" de la diffusion visuelle de la violence.

Personnellement, je suis contraire aux jeux vidéo violents et aux films violents. La violence qui existe dans la vie de tous les jours est bien suffisante, et je trouve malsain qu'on la transforme en jeu ou en récréatif quelconque, manipulant ainsi de manière insidieuse des mentalités très jeunes.
Quant à en réserver l'usage aux adultes, franchement, dans l'état actuel des choses, je ne vois pas comment on peut empêcher un mineur même très jeune d'y avoir accès.

J'aimerais bien, moi aussi, qu'on prenne les problèmes à la racine plutôt que de devoir arriver à l'horreur et à la répression.

ImpasseSud
Ecrit par ImpasseSud, à 22:21 dans la rubrique Le quotidien.
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"Je ne suis pas une machine" a écrit Vicky Binet avant de se suicider
Lu sur Indymédia Nice : "Doit-on forcément être « brutale » pour que l'entreprise fonctionne mieux ? "Je ne suis pas une machine" a écrit Vicky Binet avant de se suicider en sautant du pont de la Brague, devant les locaux de son entreprise. Une lettre diffusée à sa demande par la section syndicale. Ce communiqué de la section syndicale d'Amadeus au sujet du décès d'une salariée a fait le tour des boites mail de la technopole aujourd'hui alors que les syndicats avaient appelé à une marche de soutien à 16 heures. Une marche qui partait des locaux d'Amadeus et allait jusqu'au pont de la Brague, quelques centaines de mètres plus loin, le pont d'où Vicky Binet s'était jetée samedi, après avoir, par lettre, accusé ses supérieurs de harcèlement moral.

La section syndicale d'Amadeus, dans son communiqué, a pris aussi le parti de publier in extenso la lettre de la désespérée, à sa demande et avec l'accord de la famille. Une lettre bouleversante qui a profondément ému toute la communauté high tech de la technopole. Cela d'autant plus que Vicky Binet, était mère de trois enfants et venait d'en adopter un quatrième, qu'elle était remarquablement brillante et qu'elle était connue pour son dévouement auprès des enfants malades de l'hôpital Lenval.

Dans cette lettre Vicky Binet pose quelques problèmes essentiels autour de la fonction des ressources humaines, des relations dans l'entreprise, de la sensibilité des êtres plongés dans le monde dur et parfois glacé de l'industrie high tech. "Doit-on forcément être « brutale » pour que l'entreprise fonctionne mieux ?" questionne Vicky Binet qui un peu plus loin s'exclame "Je ne suis pas une machine".

Pour la communauté high tech, devant ce gâchis épouvantable, ce n'est pas tant Amadeus qui est en question, l'entreprise n'étant pas connue pour une brutalité particulière de management. Même s'il semble y avoir eu dans ce cas, volontairement ou non, violence psychologique, ce qui a choqué c'est le fait que personne n'ait été à l'écoute de ce qui se passait. Au coeur même du service des ressources humaines ! Ce suicide, qu'on pourra toujours expliquer par un "état dépressif", montre aussi que même à Sophia, technopole réputée pour sa qualité de vie, le travail peut parfois être source de "mal vivre" et cela au point d'aller jusqu'à un acte fatal. Dans un contexte de l'emploi aujourd'hui dégradé, avec des plans de licenciements qui se sont multipliés ces derniers mois, la mort dramatique de Vicky Binet vient aussi aujourd'hui cristalliser les tensions et ne pouvait qu'interpeller profondément tout Sophia.

Le communiqué de la section syndicale Amadeus

"Nous avons le regret de vous annoncer le décès de notre collègue de travail, Vicky Binet. Vicky s'est jetée du pont de la Brague, route des Dolines samedi 25janvier 2003.Vous trouverez ci-dessous la lettre qu'elle a envoyée à Rosine Gomez, déléguée syndicale. Cette lettre est publiée à sa demande et avec l'accord de la famille de Vicky. On ne manquera pas de poser les questions qui s'imposent à l'entreprise. On ne peut pas en rester là".

La lettre de Vicky Binet : "Ce n'est pas par hasard si je fais ce geste ici, devant Amadeus ?"

Voici la lettre de Vicky Binet.

"Si je me suicide aujourd'hui c'est que, comme je l'ai souvent exprimé et à plusieurs personnes qui pourront en témoigner, je ne peux pas supporter l'idée de ré-intégrer mon poste dans les conditions proposées, c'est à dire exactement les mêmes que celles qui m'ont fait craquer et que je subis depuis janvier 2002, placardisation, manque de respect, humiliation (publique), souffrance morale, aucune reconnaissance professionnelle.

Je paye beaucoup trop cher mon temps partiel (pris entre autre et surtout pour m'occuper des enfants à Lenval), ma sensibilité, l'attachement à mes valeurs humanistes et de respect envers autrui, quel qu'il soit (même un DP, même un membre du CE qui s'oppose à la Direction), mon refus d'être un « bon soldat » (je suis pacifiste), mon refus d'être traitée brutalement (et oui, j'ai un affectif).

Bien sûr je manque d'ambition professionnelle, de volonté de « faire carrière », je ne cherche pas à être chef à la place du chef, j'ai d'autres « choses » dans ma vie qui équilibrent l'investissement que j'ai dans mon travail. Mais vous savez tous combien mon travail compte pour moi (j'ai abrégé mon congé d'adoption), cela fait un mois que je trépigne pour reprendre le travail. Mais à travers ce travail, surtout aux RH, j'ai envie de soulager la « souffrance humaine » et non pas d'en créer, j'ai besoin d'être utile à l'entreprise et non de travailler sur des projets qui n'aboutissent jamais par changement constant de décision « des chefs ».

Je n'accepte pas de mes chefs : ?

Le manque d'intelligence professionnelle : Sur quoi juge-t-on sur les résultats et les compétentes ou à la tête du client et aux phrases mal comprises ?

Me faire attendre 15 jours pour laisser le temps de « ré-organiser », 15 jours après on me propose (impose, je n'ai pas le choix) exactement le même poste que j'avais avant avec priorité 1 : finir les job descriptions, alors qu'on sait très bien qu'elles ne seront jamais finies ! On me remet dans le même contexte, avec les mêmes pièges alors qu'on m'a bien fait sentir que l'on n'était pas « content » de mes résultats ; « C'est pas ce qu'on attend d'un manager » 1) On n'a qu'à me donner à faire ce qu'on attend de moi, 2) Je ne suis pas un manager : ni dans les responsabilités qui me sont données, ni dans la reconnaissance de ma valeur, ni dans la position où on me met (voir l'organigramme !) Veut-on me remettre en situation d'échec ? Ou est-ce un manque d'intelligence impardonnable à ce niveau (de salaire ! ! ! ! !) ?

Le manque d'intelligence humaine : doit-on forcément être « brutale » pour que l'entreprise fonctionne mieux ? pour être respectée, reconnue aux RH ? Pourquoi ce manque de respect ? Pourquoi humilier ? Pourquoi faire passer des tests après 10 ans de boite. Pour connaître les compétences ! ? ! ? ! ? Et qu'a-t-on fait de ces tests ? (ie : « tu n'écoutes jamais rien, tu n'en fais qu'à ta tête » Alors que je ne connais personne de plus docile que moi, « pourquoi tu n'as pas pris tes RTT comme tout le monde ».Bien sur que je les ai pris, « Tu es trop sensible, ce n'est pas ce qu'on demande à un manager ». Heureusement qu'il existe des managers sensibles !

Il ne faut pas d'affectif au travail. Je ne suis pas une machine, et XXXX, quand elle pleure, ce n'est pas de l'affectif ? » Pourquoi n'a-t-on jamais d'excuses quand on est blessé et que la personne qui a blessé le sait ?

Alors je dis non, je ne reviendrai pas, certains acceptent l'humiliation, certains sont soumis, certains fuient dans d'autres services, l'ambiance du service est pleine de frustration (honnêtement qui, aux RH, ne cherche pas un poste ailleurs) moi j'arrête tout car je ne crois pas qu'une amélioration soit possible. J'aime beaucoup trop mes collègues et mon travail pour accepter ces conditions.

Je regrette de faire ce geste pour mes enfants, mais je ne leur imposerai pas une maman frustrée, humiliée.

Ce n'est pas par hasard si je fais ce geste ici, devant Amadeus ?".

source : http://www.sophianet.com"
Ecrit par libertad, à 21:56 dans la rubrique Le quotidien.
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Jeudi (12/12/02)
Violences sexuées, violences sexistes
Lu sur No Pasaran : "Environ 300 à 400 femmes meurent chaque année de violences conjugales, alors que tout le monde calque des images dhommes violents mythifiés sur les auteurs de ces crimes. Ils seraient des fous, des monstres, des malades, des alcooliques, appartenant aux classes populaires Pourtant, considérer ces phénomènes comme des anomalies venant de nulle part ne peut quinvisibiliser la violence socialement construite et acceptée des hommes sur les femmes. Lobjet de ce texte va donc être de tenter de dégager que sont ces violences et de les restituer dans leur contexte sexué (ou plutôt genré).



La violence des hommes sur les femmes a des précédents historiques très forts. Exemple représentatif durant la guerre dEspagne pour ne pas remonter trop loin : La milice rouge émet des bons dune valeur dun peseta. Chaque bon donne droit à un viol. La veuve dun haut fonctionnaire a été trouvée chez elle. Près de son lit, on a trouvé 64 de ces bons (1). Cet horrible exemple du viol en tant quarme de guerre atteste dun lourd héritage de la violence globalisée des hommes sur les femmes, et cela sans même parler du viol comme arme ethnique (comme il a pu être utilisé en ex-Yougoslavie) (2).
En situation dextrême pauvreté, dans les pays du tiers monde, les femmes sont confrontées à toutes les violences : violence symbolique dune identité considérée comme inférieure, violence psychologique de la dépendance dans des structures familiales où elles nont que très rarement accès à une véritable autonomie, violences physiques de la surexploitation de leur corps dans le travail comme dans la reproduction (3). Lexcision est dailleurs révélatrice des violences qui peuvent être infligées.
Mais cet article na pas pour but de parler de la violence des hommes sur les femmes ailleurs et en dautres temps, mais bien de sancrer dans le ici et maintenant, à savoir la société occidentale daujourdhui. Car la violence physique y est globalement condamnée (même si, comme on pourra le voir, tout nest pas aussi simple) et non pas valorisée comme pivot de léducation ou moyen de se faire justice, comme cela a pu être le cas dans dautres contextes (4).
Ainsi donc, il ne faut surtout pas considérer les analyses présentées ici comme applicables à toutes les cultures et tous les contextes. De plus, il faut aussi considérer que malgré les nombreuses sources féministes utilisées, la parole présentée ici reste une parole dhomme, donc à considérer comme telle. Le masculin présenté comme neutre et universel est lun des pivots de la domination masculine.
Les analyses qui vont suivre vont sagencer selon cinq temps. Tout dabord, une mythologie de la violence des hommes sur les femmes sera étudiée. Ensuite, à partir détudes concrètes effectuées par des centres pour hommes violents, une définition de la violence sexiste sera proposée. Car ceci est nécessaire pour pouvoir mieux cerner qui sont les auteurs des violences sexistes et éliminer les mythes à ce sujet. Cest seulement alors que lon pourra sinterroger sur le fonctionnement de cette violence des hommes sur les femmes, puis sur ses origines dans la construction des identités genrées.



Les mythes de la violence



Avant dexaminer plus en détail la mythologie qui tourne autour de la violence, il convient de préciser que cette section (ainsi que beaucoup danalyses de cet article, dailleurs) est directement inspirée des travaux de Daniel Welzer-Lang (5). Donc pour regrouper en quelques phrases les mythes que lon peut entendre chaque jour sur la violence :
La violence est naturelle, dailleurs les hommes sont plus forts que les femmes ; le viol est une pulsion sexuelle irrépressible, on ne peut donc pas y faire grand chose.
Les hommes violents sont des fous, des alcooliques, qui perdent leur contrôle, et les violeurs sont des malades, des monstres
Les femmes battues sont des femmes qui le cherchent ou le provoquent, consciemment ou inconsciemment, et les femmes violées sont belles et provocantes.
Il ne faut pas qualifier tout et nimporte quoi de violence, il y a violence et violence ; si cest une fois cest pas si grave, cest si cest tous les jours que cest grave.

Tous ces mythes sont dans lensemble très présents, et même si on a parfois pu sinterroger à leur sujet, nous avons toutes et tous au moins entendu un énoncé de chacun dentre eux. Maintenant ce bref exposé mythologique terminé, il convient de tenter de cerner la violence en elle-même, sous ses différents aspects et formes.



Quest ce que la violence ?




Daniel Welzer-Lang, Gérard Petit, Josiane Nahon et Bruno Sérail sont à lorigine de la création du RIME (6). Daniel Welzer-Lang est aussi auteur de plusieurs ouvrages sur la violence et les hommes, et a fait sa thèse sur le viol. Il a donc pu constituer une classification des violences à partir de témoignages des nombreux hommes du centre daccueil pour hommes violents, dobservations de couples au travers de leur vie quotidienne, et même des dossiers dinstruction de cours dassises sur le viol pendant cinq ans dans plusieurs départements du sud de la France (7). Voici donc une classification de différentes formes prises par la violence selon ces divers témoignages.

Les violences physiques peuvent être considérées comme lensemble des atteintes physiques au corps de lautre : taper, frapper, empoigner, coups de pieds, de poing, frapper avec un outil, un ustensile ou un objet quelconque, tirer les cheveux, brûler, lancer de leau ou de lhuile bouillante, de lacide, pincer, cracher, jeter quelquun par la fenêtre, séquestrer, faire des gestes violents pour faire peur, fesser, électrocuter, déchirer les vêtements, tenir la tête sous leau, mordre, étouffer, casser le bras, les côtes, le nez, étrangler, tirer avec un pistolet, un fusil, poignarder, tuer Seules les personnes ayant tué se sont retrouvées devant un tribunal, les autres, jamais.

Les violences psychologiques regroupent celles portant (ou essayant de porter) atteinte à lintégrité psychique ou mentale de lautre : son estime de soi, sa confiance en soi, son identité personnelle A savoir : insulter, énoncer des remarques vexantes ou des critiques non fondées, critiquer de fa« on permanente les pensées ou actes de lautre, se présenter comme celui [celle] qui détient toujours la vérité , qui sait tout, inférioriser lautre, lui dicter son comportement, ses lectures, ses ami-e-s, refuser dexprimer ses émotions et obliger lautre à exprimer ses angoisses, ses peurs, ses tristesses, essayer de faire passer lautre pour folle [fou], menacer dêtre violent, intimider, menacer de représailles, de viol (par les copains), de mort, utiliser le chantage, faire pression en utilisant laffection ou les enfants, la destruction permanente, la dénégation de lautre, créer un enfer relationnel, le chantage au suicide en culpabilisant lautre, menacer de partir ou de renvoyer sa femme au pays (pour les immigré-e-s), forcer lautre à des actions vécues comme dégradantes (manger des cigarettes, lécher le plancher), contrôler sans cesse lautre, sarranger pour que lautre vous prenne en pitié et cède, se moquer sans cesse, nier le travail domestique effectué par sa compagne, insulter et dévaloriser le genre féminin ( toutes des salopes ou des putains )

Les violences verbales relèvent plus du ton, du débit de parole et des cris que du contenu des paroles elles-mêmes. On peut y trouver : cris qui stressent toute la famille, ton brusque et autoritaire pour demander un service, injonction pour que lautre obéisse tout de suite, faire pression sans cesse en montrant son impatience, interrompre lautre constamment en lui reprochant de parler, ou faire grief de ses silences en lobligeant à parler, changer le sujet de conversation fréquemment, vouloir diriger la conversation sur ses seuls centres dintérêts, ne pas écouter lautre, ne pas lui répondre

Les violences dites sexuelles ou sexuées posent un problème de définition, car parler de violences sexuelles revient à prendre parti pour le violeur. Car sil est clair que le viol fait partie de la sexualité du violeur, il ne fait pas du tout partie de la sexualité de la femme violée, et donc parler de violences sexuelles et non sexuées biaise déjà le problème. On peut cependant y mettre tous les rapports qualifiés par lhomme de sexuels, provoqués par contrainte ou par menace : forcer lautre à se prostituer, violer lautre en public ou en privé, la battre sur ses organes génitaux, lui brûler les organes génitaux (8), essayer avec sa partenaire et contre son avis, de copier des scènes pornographiques, quitte à la battre ensuite parce que cest une salope , exprimer des violences sexistes sur le corps et la sexualité des femmes

Les violences contre les animaux ou les objets ne signifient pas mettre sur le même plan animaux et objets, mais simplement parler de violences sur des choses, des individus ou des animaux à qui lautre porte une valeur affective.

Les violences contre les enfants peuvent aussi être définies comme tout acte visant à porter atteinte à lintégrité physique et psychique de lautre. Il existe une domination spécifique à légard des enfants, qui considère que les coups et lautoritarisme soient partie intégrante dune éducation normale. Ce genre de considérations amènent à ne pas toujours appréhender ce genre de traitements comme de la violence. Pourtant, il ny a aucune raison logique, pour qualifier un acte de violent, de faire une différence en fonction de qui le subit ou qui lexerce. On peut y trouver : les claques, fessées et électrocutions, les brimades alimentaires, les viols ou attouchements indésirés, les insultes

Les violences économiques sont assez peu couramment abordées, mais il sagit bien sûr tout dabord des salaires des femmes généralement inférieurs de 30 à 50 % à ceux des hommes. Il y a aussi de nombreux couples où soit lhomme vérifie le carnet de chèque de la femme, soit la femme na pas de carnet de chèque ou de carte de retrait. Mais la violence économique provient aussi de lutilisation des ressources au sein du couple. Niort est par exemple un ville dassurance où les femmes gagnent donc en moyenne plus que les hommes. Et même si les hommes ramènent moins dargent que les femmes à la maison, celui des femmes est considéré comme second : il sert à acheter la résidence secondaire, à mettre de largent de côté

Il y a aussi dautres formes de violences : les violences contre autrui dans la rue (afin de montrer sa supériorité), le contrôle temporel, empêcher lautre de suivre ses études

Après une telle énumération de violences, certes difficile à entendre, on ne peut pas affirmer que la violence ne concerne pas tous les hommes, et non pas quelques salauds et femmes maltraitées. En faisant attention à ce qui se passe autour de nous, on peut vite se rendre compte quelle nous est relativement proche. Il convient donc bien évidemment de sinterroger alors sur le mythe de lhomme violent tel quil est habituellement stigmatisé.



Qui est véritablement concerné par la violence ?




On a vu que le mythe veut que lhomme violent soit un monstre, un malade, un alcoolique, un homme sous lemprise de la colère qui perd son contrôle, quil appartient aux classes populaires Ceci tend à dire quil y a un type dhomme violent (et donc aussi à dire que ceux qui ne sont pas de ce type ne sont pas violent). On sait aujourdhui que le phénomène de la violence nest pas uniquement limité aux classes populaires, mais quil a à voir avec tous les milieux. Car si la majeure partie des femmes qui viennent aux refuges pour femmes battues sont en effet le plus souvent issues de ce milieu, ce sont aussi des femmes qui ne disposent pas de réseaux de soutien ou de ressources autonomes. Mais elles ne représentent pas pour autant lensemble des femmes violentées. Et plus spécifiquement, les hommes violents du centre daccueil de Lyon navaient pas le moins du monde lair de psychopathes, mais plutôt gentils, affables
Il existe aussi un problème de définition quant au fait de considérer quelque chose comme violent. Frapper ou rouer de coups sa femme ne serait-ce quune seule fois, cest être violent. Doù les anecdotes racontées par Daniel Welzer-Lang à propos des hommes accueillis au centre pour hommes violents : Ah bon, si « a pour vous cest être violent, alors oui on peut dire que je suis violent, dailleurs cest ce quelle ma dit avant de partir . Au départ, personne ne se considère comme violent, ni ne se sent concerné par la violence. Un homme violent, cest nimporte qui sauf soi.
En ce qui concerne les femmes battues, tous les spécialistes saccordent à dire quil y a environ 1% dhommes battus par rapport au nombre de femmes battues. Et il nest pas toujours facile de savoir car beaucoup de femmes témoignant préfèrent dire on se bat plutôt que cest lui qui me cogne . De plus, étant donné les stéréotypes que lon colle généralement sur létiquette dhomme violent, il arrive aussi quune femme ne veuille pas parler des violences quelle subit pour ne pas faire apparaître son compagnon comme lun de ces archétypes de brute alcoolique. Car il est tout à fait possible dêtre violentée, de détester cela, et de continuer à aimer lhomme en question. Ce sont justement les stéréotypes qui existent qui empêchent de prendre conscience de la violence des hommes sur les femmes comme dun phénomène social dampleur. Car personne nest vraiment considéré comme violent (sauf dans les cas les plus extrêmes comme lorsquil y a meurtre), ce qui permet à tout le monde reléguer la notion de violence sur autrui. Au final, seules les formes les plus extrêmes de violence sont donc reconnues ainsi, alors que la violence est très souvent présente même si généralement sous des formes moins extrêmes que le meurtre. Comme le dit Marie-Elizabeth Handman (9), la violence psychologique ou symbolique parfois sy ajoute [à la violence physique], parfois la remplace, mais nul ny échappe ni comme acteur ni comme victime .
Pour continuer à propos des femmes violées, elles sont recensées par les statistiques comme ayant de 2 à 85 ans, ce qui semble casser quelque peu le mythe de la femme violée belle et provocante . Dailleurs, le discours qui considère le viol comme pulsion sexuelle irrépressible apparaît rapidement comme une reconstruction a posteriori quand les dossiers des cours dassises sont étudiés et les violeurs interrogés en prison une fois le procès fini. Après avoir été jugés, les violeurs désignent souvent leur acte comme une rigolade entre hommes, comme un bon plan qui a mal tourné . Comme le dit très justement Daniel Welzer-Lang, dès quils ne sont plus dans une situation où ils doivent justifier ce quils ont fait, ils remettent le viol à la juste place dans les valeurs masculines, cest-à-dire comme un mauvais moment quils font passer à une personne pour prendre du plaisir .
De la même manière, les hommes violents sont persuadés dagir sous lemprise de la colère. Le contrôle de soi qui lâche et mène à la violence. Pourtant, il y a aussi des situations où les hommes violents pourraient se mettre en colère et craquer , alors quils nen font généralement rien. Quand un flic met un PV, ou que le patron fait une remarque, rien ne se passe la plupart du temps Il y a simplement des circonstances où lon sait inconsciemment que la violence est permise et autorisée socialement.
En ce qui concerne les violences domestiques, le scénario est généralement : un homme et une femme vivent ensemble, et lhomme la frappe une première fois. Elle est alors bouleversée, mais pense quil sagit dun accident. Le tout accompagné dexcuses et dassurance que lhomme non plus ne sait pas ce quil lui est arrivé. Il y a donc pardon, mais en même temps lintégration inconsciente du fait que la perte de contrôle de lhomme peut arriver de nouveau, et donc que cela peut recommencer. Car la violence sert à obtenir ce que lon veut, à faire céder lautre, et beaucoup dhommes considèrent toute contrariété ou frustration de leurs désirs de tout ordre comme une atteinte intolérable à leur personne. Il ne sagit pas de faire partir lautre, mais en quelque sorte de la dresser, de la rendre docile. Et quand les conditions sont à nouveau réunies, cest alors que la violence peut revenir, et son intensité augmenter, car la tolérance physique et psychologique va croissante elle aussi Un cycle peut alors se mettre en place, et la spirale montante dune violence de plus en plus fréquente et intense se crée.
On peut alors légitimement se demander comment fonctionne et se pérennise aujourdhui un tel phénomène, à savoir la violence socialement présente bien que peu reconnue, et comment il est possible quon en ait si peu conscience.



Invisibilisation et pérennisation de la violence




Les violences des hommes sur les femmes se sont fondées historiquement de manière très complexe. Pour ne pas se lancer dans un débat certes très intéressant, mais beaucoup trop vaste, je me contenterai de ne pas remonter plus loin que le code civil napoléonien. Celui-ci fait rentrer la mère à labri de lautorité maritale. Mais plus que de la priver de ses droits, le code civil la place sous la tutelle du mari. Ce statut de mineur (au même titre quun enfant), la livre corps et biens à larbitrage de lépoux (10). Si la violence pouvait être autrefois considérée comme lexpression du droit le plus strict et de lhonneur des hommes (11), ce nest plus le cas aujourdhui. Officiellement, la violence nest que très rarement considérée comme allant de soi, et le corps des femmes nappartient plus légalement aux hommes. Donc si les rapports de violence des hommes envers les femmes subsistent aujourdhui, cela signifie quils ont été intégrés et invisibilisés.
Le mythe de lhomme violent et de la femme responsable y sont pour beaucoup. Tant que lhomme violent ne correspond pas à celui du mythe, il ny a pas vraiment violence, ce nest pas bien grave De la même manière, si les femmes se sentent responsables de la violence quelles subissent, il ny a pas matière à dénoncer ce qui se passe puisque cest la faute des femmes. On peut ainsi arriver à entendre ce genre de témoignage : Quand je fais quelque chose « a lénerve Jai dû lénerver, jaurais dû me taire . Des femmes ont donc aussi intégré le mythe du cest la faute des femmes aussi . Et cest pire encore avec le mythe du il y a violence et violence, on ne peut pas tout taxer de violence sinon cest nimporte quoi . Car si la femme est convaincue que son agresseur ne la pas fait exprès, il ne peut y avoir absolument aucune remise en cause de ce qui se passe. Doù les OK, il ma foutu une claque, mais cest parti tout seul, il ne la pas fait exprès, on ne peut pas dire que ce soit vraiment de la violence . Il est clair quil faut que les dominées naient quune conscience imparfaite des pratiques des dominants pour que ceux-ci puissent continuer à exercer leurs privilèges. Dailleurs, les constructions sociales du masculin et du féminin amènent aussi les hommes et les femmes à mettre un sens différent derrière la notion de violence (comme derrière dautres notions aussi, comme le propre et le rangé, ou même le je taime ).
Les stéréotypes sont au fondement même du fait que les violences soient possibles sans remise en question individuelle et surtout sociale. Le mythe sur les hommes violents et les hommes violeurs isole complètement ces hommes, et les empêche den parler. De plus, cela leur permet aussi de ne jamais se considérer comme tel. Car personne ne correspond jamais totalement à un stéréotype, ou alors nen a pas conscience. Il y a alors une totale déresponsabilisation des hommes par rapport à ce phénomène. Car il est clair que faire du viol (ou de la femme battue) un événement monstrueux, une anomalie ou une atrocité extrême , cest empêcher toute analyse sociale et senfoncer dans limpuissance dy apporter une réponse adéquate. Car on ne peut alors chercher les contraintes individuelles et sociales qui produisent quelque chose considéré à tort comme le dysfonctionnement dun individu, un dérèglement social.
Comme le remarque très justement Véronique Nahoum-Grappe à propos des viols en ex-Yougoslavie (12) : la performance du stéréotype, cest le négationnisme . En effet, car le stéréotype du « a a toujours été comme « a amène à une futilisation du problème et une invisibilisation de son existence véritable. La meilleure fa« on de nier le présent, cest de le renvoyer à léternité des répétitions fatales (12).
Pourtant, on peut alors légitimement se demander comment tous ces schémas de domination, ces stéréotypes et cette violence intrinsèque au découpage genré de lhumanité peut prendre forme dans la vie des individus. Peut-on être porté à croire que cette répartition des rôles entre dominant et dominée, entre violeur et violée, entre violent et violentée est naturelle et immuable, ou bien doit-on tenter de comprendre doù elle provient et comment elle sinscrit petit à petit en chacun et chacune au cours du conditionnement social que lon subit au travers des âges ?



Une violence masculine construite socialement




Il est habituel de recourir à la nature pour légitimer des rapports de domination. On entend habituellement que les hommes sont plus forts que les femmes, ce qui prédispose bien sûr à considérer comme possible des violences de la part des hommes sur les femmes. Pourtant, sil ny a plus de pressions religieuses qui empêchent les femmes de manger avec les hommes, il existe à la place dautres formes de coercition. Le si tu manges à ta faim, tu ne trouveras pas de mari est une déclinaison plutôt courante de nombreux lieux communs véhiculés pour les petites filles depuis leur plus jeune âge. Ces pressions modèlent le corps des femmes, et ce depuis si longtemps quil est difficile de savoir ce quil en est véritablement. Des travaux américains montrent aussi que les mères nourrissent plus les petits gar« ons ( il en aura plus besoin ). De la même manière, dautres travaux ont aussi montré que les mères sont portées à allaiter moins longtemps leur petites filles, en raison de la légère jouissance provoquée par la tétée, jouissance beaucoup mieux acceptée si elle provient dun petit gar« on que dune petite fille. Les normes hétérosexistes jouent là encore un rôle assez conséquent. Bref tout ceci pour préciser quil nexiste pas de preuve que, par nature, les hommes soient plus forts que les femmes.
Dans le cas du viol, en dehors de pseudo explications naturalistes, on peut sapercevoir que la violence est avant tout un rapport de domination. Il ne sagit pas de traiter le comportement violent en tant que tel, mais plutôt de comprendre quels sont les rapports sociaux qui permettent dimposer et de légitimer lutilisation de la violence. Tout ceci sexplicite dailleurs dans un rôle de soumission, de lhomme comme de la femme à des rôles de domination/oppression.
Les normes de la masculinité imposent que, pour être un vrai mec, dans la société daujourdhui, il faut exercer une domination sur autrui. Ce besoin est encore plus fort si un homme a la sensation dêtre faible, ou sil se retrouve en situation déchec. Afin de se conformer aux modèles conventionnels de la virilité, il est alors encore plus nécessaire de se poser en tant que dominateur insensible. Selon John Whiting (13) : Il semble que les gar« ons qui doutent de leur masculinité aient davantage besoin de donner deux-mêmes une image stéréotypée de mâle, comme pour éviter dêtre à nouveau happés par lunivers chaud et rassurant des femmes . Les individus mal dans leur peau font habituellement montre dun grand nombre de pulsions caractéristiques de la virilité agressive hétérosexuelle, présentée en modèle aux gar« ons (14). Car telles sont bien les normes mises en valeur implicitement par léducation donnée aux gar« ons : grandir dans lambiance agressive dune famille dominée par un homme ; donner des coups ; en recevoir ; subir les pressions du clan des hommes ; reporter sa peine et sa souffrance sur autrui ; sidentifier à des héros fantasmatiques hyper-virils ; apprendre à séparer ses sentiments des souffrances que lon occasionne Léducation masculine et ses corollaires (lexacerbation de la guerre, de la dureté), tend à insensibiliser les hommes et à les faire relativiser, pour eux-mêmes et pour les autres, toutes les formes de violence. Pour continuer à citer Daniel Welzer-Lang : pour devenir un homme -un vrai homme-, il fallait endurer beaucoup de violences et de souffrances. Lapprentissage de la violence, les gar« ons le font dabord dans leur propre corps . Car pour sintégrer dans le clan des hommes, il faut être capable dexclure tous ceux qui ne sy intègrent pas. Cest par lapprentissage entre hommes, des savoir-faire, savoir aimer, savoir dominer masculins que la domination des femmes est structurée (15).
Et les médias sont aussi pour beaucoup dans cette formation des normes masculines à légard de la violence. De nos jours, en moyenne, un gar« on américain âgé de dix-huit ans a assisté à 26000 meurtres à la télévision, la plupart des meurtriers étant des hommes affirme Myriam Miedzain (16). Suzanne Képès affirme quant à elle qu il est urgent que les médias éliminent les images stéréotypées de la hiérarchie patriarcale, où les femmes sont présentées comme des objets sans défense à la disposition des pulsions sexuelles masculines (17). Encore récemment cette publicité pour la crème fraîche Babette qui montre une femme en tablier (sans la tête, donc sans doute représentative de toutes les femmes) sur laquelle se trouve écrit le texte : Je la lie, je la fouette, et parfois elle passe à la casserole . Faut-il préciser que le comique de cette publicité repose sur lambiguoeté de la phrase qui peut être comprise comme celle dun homme parlant dun femme ou celle dune femme parlant de la crème fraîche ? Si le rapport entre hommes et femmes est le même que celui entre les femmes et la crème fraîche, on reste interdit devant une telle réification des femmes, ravalées au simple rang dobjet manipulable.
Cest notamment ainsi que beaucoup dhommes peuvent penser quen matière de sexe, il faut forcer la main aux femmes, et quensuite seulement elles y prennent du plaisir. Les images romanesques classiques, où, dans sa fougue, le héros force quelque peu les résistances physiques de la belle, qui lui succombe finalement, sont plus que nombreuses et en général très bien ancrées dans les mentalités. On dit même parfois que cela met du piment . Faut-il donc croire que violer une femme, acte crapuleux, est radicalement différent de la conquérir ?
Etymologiquement, le verbe séduire du latin seducere, provient de la séparation (se) emmener à part , et de la conduite (dux, ducis, le chef) (18). Ne dit-on dailleurs pas plus facilement dune femme quelle est séduisante (passivité explicite), et dune homme quil est séducteur (rôle actif). Quil est rare dentendre parler de séductrice et de séduisant jeune homme, ou du moins pas avec les mêmes connotations que celles quont leur pendant masculin ou féminin. La séductrice reste encore pour certain-e-s le démon tant pourchassé par léglise
Il convient aussi de prendre en compte le fait quune éducation différente selon les sexes a pu amener à concevoir certains rapports de manières différentes. Ainsi sur le fait de céder ou darriver à obtenir quelque chose, on a habitué un grand nombre de femmes à avoir des rapports sexuels quand lhomme le demande. Il est nécessaire de réapprendre à avoir des rapports de désirs multiples et de sinterroger sur le sens que lon met derrière les plaisirs que lon peut prendre ensemble.



En guise de conclusion




On a pu voir que larticulation principale du problème de la violence, problème qui nous concerne tous et toutes, réside dans ce quil sous-tend, à savoir lexercice quotidien et permanent de la domination masculine, plus que dans la stigmatisation de quelques cas extrêmes de violences particulièrement abouties. La question est donc de ne pas se focaliser sur l arbre qui cache la forêt , au risque de croire la violence comme un dysfonctionnement de la société alors quen réalité, elle en fait partie intégrante en tant que valeur inculquée à tous les hommes. Cest aussi là lutilité des violences et plus spécifiquement du viol, que de permettre aux hommes de montrer leur pouvoir et den tirer des privilèges.
Pourtant, la violence exercée à lencontre des femmes nest bien sûr pas la voie vers leur bonheur, ni même vers celui des hommes. Car même si les hommes tirent dimportants privilèges de la violence exercée sur les femmes, cela ne fait pas leur bonheur. Limposition de normes tant dominatrices que dominées, sur les hommes et sur les femmes, les enferme dans des carcans sociaux où la liberté et lindividualité de chacun et chacune ne peut pas sépanouir.
Pourtant voir les hommes comme des ennemis des femmes ne peut en rien permettre de se diriger vers un meilleur futur. Car voir le monde comme un affrontement manichéen animé par des schémas simplistes napporte rien. Savoir quen tant quhomme un lourd conditionnement prédispose à la violence ne signifie pas tant que l ennemi est en nous et quil ny a rien a faire, mais bien plutôt que nous navons rien à attendre que de nous ! ! ! La violence sur les femmes existe aussi parce quinvisibilisée, et lun des premiers moyen de lui résister est de la rendre visible, de la pointer du doigt afin de montrer la place quelle détient dans la société daujourdhui. Une prise de conscience est nécessaire pour toutes et tous, et la volonté de changer les choses est indispensable, que ce soit au travers de structures de discussions et déchanges (mixtes et non-mixtes), ou de luttes antisexistes réelles, dans le quotidien aussi bien que de manière organisée. Il ne tient quà tous et toutes de briser et de dénoncer ce consensus et de décider de vivre autrement en refusant de se laisser enfermer dans les carcans sociaux.

Pirouli

Berliner Nachtausgabe, 4 novembre 1936, cité in Arthur Koestler, Hiéroglyphes, 4ème partie : Lécriture invisible ; 1936-1940, in uvres autobiographiques, Paris, Robert Laffont, 1994, p. 633
Guerre et différence des sexes : Les viols systématiques (ex-Yougoslavie, 1991-1995), Véronique Nahoum-Grappe, in De la violence et des femmes, Paris, Albin Michel, 1999
Le corps assujetti, Thérèse Locoh et Jean-Marie Sztalryd, in La place des femmes, les enjeux de lidentité et de légalité au regard des sciences sociales, Paris, La Découverte, 1995, p. 278
Lenfer et le paradis, violence et tyrannie douce en Grèce contemporaine, Marie-Elisabeth Handman, in De la violence et des femmes, Paris, Albin Michel, 1999, p. 132, 134
Lutilité du viol chez les hommes, Daniel Welzer-Lang, in Violence et masculinité, no copyright, Publications , 1998
RIME : Recherches et Interventions MasculinEs. A linitiative dun centre daccueil pour hommes violents (aussi animé par Isidro Fernandez) qui fonctionnera de novembre 1987 à décembre 1996, et fermera faute de subventions.
Ces dossiers contiennent quasiment tout : lhistoire du violeur, de la victime, les témoignages de la concierge, du boucher, les photos des lieux, du violeur, de la victime
Il est extrêmement fréquent dans les services durgence de voir des femmes avec des brûlures aux organes génitaux.
Lenfer et le paradis, violence et tyrannie douce en Grèce contemporaine, Marie-Elisabeth Handman, in De la violence et des femmes, Paris, Albin Michel, 1999, p. 122
Fragiles et puissantes, les femmes dans la société du XIXème siècle, Cécile Dauphin, in De la violence et des femmes, Paris, Albin Michel, 1999, p. 101
Proximités pensables et inégalités flagrantes, Paris, XVIIIème siècle, Arlette Farge, in De la violence et des femmes, Paris, Albin Michel, 1999, p. 91
Guerre et différence des sexes : Les viols systématiques (ex-Yougoslavie, 1991-1995), Véronique Nahoum-Grappe, in De la violence et des femmes, Paris, Albin Michel, 1999, p. 189
Sorcery, sin and the superego : a cross-cultural study of some mechanisms of social control, John Whiting, S. Ford Clellan, 1959
Devenir un homme, tuer lenfant en soi, David Jackson, in Violence et masculinité, no copyright, Publications , 1998
Les transgressions sociales des définitions de la masculinité, Daniel Welzer-Lang, in La place des femmes, les enjeux de lidentité et de légalité au regard des sciences sociales, Paris, La Découverte, 1995, p. 447
Boys will be boys, Myriam Miedzain, Virago Press, 1992
Violences sexuelles et prostitution dans la société patriarcale, Suzanne Képès, in La place des femmes, les enjeux de lidentité et de légalité au regard des sciences sociales, Paris, La Découverte, 1995, p. 315
Fragiles et puissantes, les femmes dans la société du XIXème siècle, Cécile Dauphin, in De la violence et des femmes, Paris, Albin Michel, 1999, p. 105"
Ecrit par libertad, à 22:35 dans la rubrique Le quotidien.
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