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Les marchandes de Juchitan
Lu sur Ecoféminisme : "A Juchitan, une ville zatopèque de l'état mexicain d'Oaxaca, avec une population de 80.000 habitants, les femmes ont une forte position sociale. Les hommes sont paysans, pêcheurs, artisans et ouvriers agricoles. Les femmes sont des marchandes. Cette division sociale du travail fonctionne depuis des centaines d'années. Les femmes sont responsables de la maison et des enfants, de la nourriture, elles vont au marché, et pratiquent certaines activités artisanales. Il n'y a pas de femmes au foyer mais pas non plus des entrepreneures féminines. Contrairement à ce qui se passe chez nous, où la femme au foyer est constituée par le fait que la division du travail diminue dans l'économie domestique alors qu'elle augmente dans la sphère industrielle, la division du travail à Juchitan est aussi très intensive dans l'économie du ménage. Au lieu de ménages dirigés par une seule femme, il y a des spécialisations dans beaucoup de produits différents, en particulier des plats préparés ou des conserves que les femmes amènent au marché pour les vendre. Le va et vient circule librement entre l'activité de subsistance du ménage et l'activité de marché des marchandes.


Les femmes ne s'engagent pas dans le commerce et l'artisanat pour accumuler des richesses ou pour faire travailler d'autres pour un salaire; leur ambition est de garantir des moyens d'existence, et surtout de forcer le respect de la communauté et des autres femmes. Cela fait partie du principe de réciprocité de ne pas fixer les les prix mais de les faire varier avec le degré d'obligation sociale - selon qu'il faut répondre à une faveur ou si on en espère une dans le futur.
Les surplus sont consommés collectivement à de grands "festivals du mérite". On les appelle ainsi parce qu'on y sacrifient des choses matérielles afin de gagner quelque chose d'immatériel: du respect ou du prestige. Ces festivals du mérite, qui sont une partie essentielle du réseau de réciprocité, maintiennent aussi en vie l'économie locale. Les dépenses en vêtements, en nourriture et en boissons, en bijoux, en musique et en cadeaux atteignent des niveaux à peine croyables. Les mécanismes sociaux d'une économie de prestige et de réciprocité donnent ici au marché un caractère spécial. Néanmoins, il serait faux de parler ici à Juchitan d'une économie de marché séparée. La même monnaie circule ici que dans le reste du Mexique. La ville est située à califourchon sur une route importante qui relie l'Amérique du Nord à l'Amérique du Sud; étant à la fois sur l'autoroute panaméricaine et la ligne de chemin de fer qui relie l'Atlantique à un port voisin sur le Pacifique. L'endroit est intégré, disons sans coutures, dans le marché national et international. Et pourtant son marché et son commerce sont orientés vers la subsistance. En d'autres mots, à la fin du 20e siècle l'économie de marché est moulée autrement.
La société de Juchitan est organisée de manière matrifocale. La mère est au centre du prestige social, l'unité mère-enfant est la constellation familiale de base. Socialement et émotionnellement, la mère est le principal point de référence pour les enfants. Le père peut prendre en charge certaines obligations mais une femme n'est pas moins respectée , si elle n'a pas de mari. Elle s'occupe des finances, comme elle le fait ailleurs, mais cette tâche n'est pas sous-estimée comme si elle ajoutait simplement un montant au gagne-pain ramené à la maison par l'homme. Quoi qu'il en soit, l'économie des femmes ou des marchandes - toutes les femmes à Juchitan sont des marchandes - demeure une économie orientée vers la subsistance. La production de subsistance est considérée comme un vrai travail social, la séparation entre les sphères de production privée et publique ne s'applique pas. La femme s'occupe de ses tâches quotidiennes, de l'éducation des enfants et d'un surplus qui lui procurera un prestige social pour elle-même (et pas pour son mari comme dans beaucoup de culture). La femme n'est pas un objet mais un sujet d'événements.




Le commerce à Juchitan est encore aujourd'hui centré sur la nourriture. Comme celle-ci est produite, négociée et consommée au niveau local, elle crée une circulation régionale indépendante qui rend Juchitan plus prospère que d'autres villes mexicaine de taille comparable. Etre capable de procurer de la nourriture par une organisation prudente est un élément important pour l'estime de soi des femmes et le respect qu'on leur témoigne. Contrairement à l'Allemagne où on n'accorde que peu de valeur à ce genre d'activité et où on attend des femmes qu'elles soient minces, la corpulence fait partie de l'idéal de beauté féminine. La principale force agissante derrière le modèle indépendant du marché est un sens de la communauté qui dérive de la ligne de descendance maternelle. Les gens sont fiers de leur origine, comme ils le sont de leur propre mère, de leur langue maternelle, de leur capacité de parler zapotèque, de leur musique, leur peinture et leur nourriture. Cette orientation culturelle différente est capable de poser ses jalons même sur l'économie de marché des temps modernes.
Les gros employeurs ou les monopoles n'ont pas réussi à s'implanter à Juchitan, ni, par exemple, aucun véritable supermarché. Pendant de longues années, le gouvernement central a consciemment visé la région, dans le but de créer là une zone d'économie libre comme à Taïwan ou Singapour ou les maquiladoras, des fabriques qui travaillent pour le marché mondial, comme celles installées sur la frontière nord du Mexique avec les USA. Mais ce processus n'a pas réussi à se matérialiser. En dépit d'un battage idéologique constant venant des écoles et des médias, la population n'a pas marché pour réaliser les modèles de consommation du grand frère du Nord.
Les gens de Juchitan n'ont pas intériorisé les normes et les règles de l'économie de marché moderne; ils ont une morale différente. Sears, une firme de détail nord-américaine avec de nombreuses branches au Mexique qui vend principalement des vêtements et des biens de consommation a eu autrefois un magasin à Juchitan. Mais à la fin des années 70, quand une fois de plus les habitants de Juchitan étaient indignés par les décisions prises par l'administration centrale politique, ils envahirent le magasin et le dévalisèrent; Quand l'incident se répéta plus tard, Sears pensa qu'il valait mieux se retirer et fermèrent la succursale. Depuis lors, personne n'a pris ce risque: le commerce reste aux mains des femmes locales.


Dès qu’il est question de luttes d’influence et de postes de responsabilité, quand le pouvoir et l’autorité sont en jeu, les femmes, presque toujours et presque partout dans le monde, sont condamnées à jouer les seconds rôles, que ce soit dans l’entreprise, dans la politique ou dans le showbiz. Le monde serait-il autre si les femmes dictaient leur loi ? Ce film présente un tel " gynotope " : dans la ville mexicaine de Juchitán, ce sont les femmes qui donnent le ton. Quand la sage-femme, penchée sur le nouveau-né, proclame : " C’est une fille ! ", il s’en suit une explosion de joie. En effet, à Juchitán, les " matriarches " ont supplanté les patriarches. A la mort des parents, l’héritage n’est pas dévolu aux garçons, mais aux descendantes féminines. Les guérisseuses sont dépositaires d’un pouvoir spirituel. Mieux encore, les femmes de Juchitán, la " ville des fleurs ", dominent l’ensemble des réseaux économiques. Les hommes peuvent certes cultiver les champs, mais le commerce est exclusivement entre les mains des femmes. Comment se fait-il que les femmes, particulièrement dans une ville mexicaine, détiennent le pouvoir ?

"THE SUBSISTENCE PERSPECTIVE "


-BEYOND THE GLOBALISED ECONOMY (au delà de l'economie globalisée)
par Veronika Bennholdt-Thomsen et Maria Mies, Zed Books Ltd, 1999.


Traduction du chapitre 4: : SUBSISTANCE ET MARCHE

Lu sur Arte : Les femmes au pouvoir

Dès l'âge de 15 ans, toutes les femmes de Juchitán sont proclamées " reines ". Le film raconte l’histoire de femmes issues d’une famille de Juchitán, au moment où les préparatifs précédant le " couronnement " battent leur plein. Tandis que l’orfèvre fabrique des bijoux avec des pierres précieuses, les femmes mettent la main à la pâte et brodent des habits de cérémonie. Après tant de travail, elles vont célébrer l’événement avec pompe et allégresse, les hommes en étant réduits à un rôle de spectateurs plutôt passifs. Les 15 ans du jeune garçon donnent lieu à une fête sans grande valeur symbolique. Notre " reine " fraîchement couronnée ne sait trop ce qu’elle aimerait faire plus tard. Une chose est sûre, elle ne veut pas vendre des poissons, à la différence de sa mère, figure tutélaire de la famille. Pour l’heure, elle fréquente l’école de technologie. Ensuite, tous les chemins s’ouvriront à la jeune femme. Cette société matrilinéaire dominée par les femmes est-elle préférable à d’autres, ou simplement différente ?

Lu sur Indymédia Marseille : Femmes à la barre !

LES TOTOPERAS ZAPOTEQUES DE JUCHITAN

Expérience réussie d’autogestion autour du cycle du maïs : les Totoperas zapotèques (isthme de Tehuantepec, Oaxaca) assurent l’autosuffisance alimentaire de leurs villages et, ainsi, la reproduction culturelle, sociale et économique des communautés. Avec elles, le troc reste un élément fondamental du marché régional.

Au sud de l’isthme de Tehuantepec, dans l’état de Oaxaca, à 20 km du port et de la raffinerie de Salina Cruz, vivent des communautés indigènes qui reproduisent depuis des siècles un mode de vie paysan et communal, dans lequel le maïs est un élément fondamental. Les communautés zapotèques de l’isthme (souvent analphabètes et dont la plupart des femmes ne parlent pas l’espagnol) ont développé une économie rurale visant l’autosuffisance alimentaire. L’agriculture, la pêche, le pâturage et la production agricole sont leurs principales activités. Les hommes sortent au matin dans leurs charrettes tirées par des bœufs et se dirigent vers les champs pour semer et récolter le maïs. Les pêcheurs, eux, sortent le soir et reviennent à l’aube. Si les hommes s’occupent de la phase agricole du cycle du maïs, les femmes, en plus des tâches ménagères, s’occupent des phases de transformation et de commercialisation. Elles transforment le maïs en une grande variété d’aliments : guetabigui’ (galette sèche), guetahuana (galette de maïs tendre et chaude), guetabizà (beignet de haricots), gueta’ (beignet de viande), guetagu gucha’chi’ (beignet d’iguane), guetaze’ (jeune maïs grillé), etc. Elles commercialisent aussi bien les produits bruts que transformés par elles.
Le rôle de la femme dans la vie zapotèque est primordial. Le cas des totoperas (fabricantes de galettes de maïs) en est le plus illustratif. Dans ces communautés, la majorité des femmes sont totoperas. Elles pratiquent cette activité artisanale pour la consommation familiale et communautaire depuis les temps préhispaniques, et actuellement cette activité représente une un apport déterminant pour l’autosubsistance des communautés. Leurs galettes de maïs sont cuites au feu de bois dans une grosse marmite d’argile encastrée sur une plate-forme de terre, où les tortillas sont placées, jusqu’à ce qu’elles prennent une couleur dorée. Pour éviter de se brûler en retournant ces galettes, elles se mouillent les mains avec soin. Le style de la galette, sa forme, sa couleur, son épaisseur, sa dimension, sa saveur, varient d’une communauté à l’autre et même d’une femme à l’autre. Les galettes des femmes de Chicapa de Castro sont fameuses pour leur grande dimension ; celles des femmes de Ranchu Gubiña, sont plus petites mais très épaisses. Les plus recherchées sont celles de l’Ejido Zapata, puis celles de la Colonia Alvaro Obregón ; là-bas, chaque femme produit jusqu’à 150 galettes par jour, blanches, grandes, fines et craquantes et les revendeuses viennent les leur acheter jusque dans leur cuisine.
La qualité de la galette est fondamentale. Les femmes préfèrent par dessus tout le maïs autochtone, le leur, celui que leurs hommes ont semé et qu’elles différencient facilement des autres. Xuba huini est le nom en zapotèque du petit maïs, blanc et de cuisson rapide, celui qui donne à la galette une consistance douce et résistante pendant des mois. C’est pourquoi le maïs de cette région a une valeur bien supérieure au grand maïs des autres zones. Il est exceptionnel que les femmes achètent le maïs à l’extérieur. Seulement quand les récoltes sont perdues, comme lors des inondations de 1998.
Sur le marché, les femmes échangent leurs produits contre du fromage, du poisson, de la viande, des légumes, des fruits et parfois contre de l’argent mais ceci en dernier recours. Le marché régional de Juchitán est le plus populaire. En plus des galettes de maïs, les femmes mixes vendent aussi du café et les femmes huaves des crevettes.
Depuis 1999, le Comité Promoteur d’Investigation pour le Développement Rural (COPIDER), une ONG mexicaine, et les membres de l’association Guixhi Ro’, soutiennent l’organisation des totoperas. Elles se sont organisées en 2 groupes de 30 femmes, les unes se sont appelées Xguuna Guixhi Ro (Femmes de Monte Grande), les autres Gardenias. En accord avec leur forme de production, les femmes ont reçu un financement de 2000 pesos chacune pour acheter les outils qu’elles ne fabriquent pas : une charrette à bois, du charbon ; certaines ont investi et construit un second four à maïs, pour augmenter la production. Chaque groupe a nommé sa direction, ainsi qu’une vendeuse de galettes de maïs à Juchitán. Le remboursement du financement devait se faire en 15 versements. Elles pouvaient, à la fin du cycle du maïs, solliciter un nouveau financement. Parallèlement, elles ont créé une caisse d’épargne commune, économisant chacune 20 pesos chaque quinzaine. Elles ont travaillé ainsi durant six ans avec les financements du CODIPER, temps pendant lequel elles ont aussi participé à divers ateliers de formation : planification communautaire, culture biologique, contrôle organique des fléaux agricoles, culture de légumes, constitution d’un groupe d’épargne. Aujourd’hui, elles sont à leur compte : elles ont créé leurs propres fonds de roulement, produit de leur épargne, et elles l’administrent de manière autogérée.
Cette organisation des femmes zapotèques a pu leur éviter non seulement d’opter pour les prêteurs professionnels, qui prennent de 10 à 25% d’intérêt mensuel, mais surtout de continuer à être la colonne vertébrale culturelle, sociale et économique des communautés. Avec cette expérience, un espace de production et de commercialisation s’est consolidé autour du cycle de l’ancestral produit de base : le maïs. Loin des politiques gouvernementales qui favorisent le maïs transgénique produit par l’industrie ; loin des supermarchés et autres commerçants intermédiaires ; et par conséquent loin des réseaux parasites qui détournent la richesse produite vers les banques transnationales.
Une ombre au tableau, malgré cette expérience réussie : profitant de l’appauvrissement des campagnes, de la capacité limitée d’ONG comme le CODIPER, et de la complicité gouvernementale, on constate l’apparition d’entreprises para-financières privées qui tentent d’accaparer les nouveaux groupes de femmes. Loin de les accompagner dans un processus d’autogestion et d’émancipation, ces sociétés para-financières pratiquent un système usurier qui, finalement, les rend dépendantes et compromet leurs efforts.

Sofía Olhovich

Lire aussi : Le Conseil indigène populaire de Oaxaca-Ricardo Flores Magón :

 

Ecrit par libertad, le Mercredi 26 Janvier 2005, 23:45 dans la rubrique matriarcat-patriarcat.

Commentaires :

Anonyme
27-02-05 à 01:55

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L'En Dehors - Contribution subjective et féminine à la réflexion sur la proposit : "Totoperas zapotèques  : http://hommefemme.joueb.com/news/107.shtml- les Mosuo : http://hommefemme.joueb.com/news/102.shtml- les Khasis : http://hommefemme.joueb.com/news/106.shtmlD'autres exemples pourraient être donnés qui montreraient que c'est par pur ethnocentrisme que l'on peut dire que la domination masculine est universel"

 
Anonyme
15-03-05 à 22:02

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pourquoi tant d'hommes sont matchos - Célibat et vie en solo - FORUM psychologie : " apparement oui ils sont heureux et tout le monde y trouve son compte j'ai trouve l'article voila l'adresse  http://hommefemme.joueb.com/news/107.shtml "

 
Anonyme
01-11-05 à 11:25

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Web Blog Directory - WeBlog A Lot - Aggregating the PoweR of Blogs! : " hommefemme : Les marchandes de Juchitan (Jan 26 2005 23:22 GMT) - Lu sur Ecoféminisme : "A Juchitan, une ville zatopèque de l'état mexicain d'Oaxaca, avec une population de 80.000 habitants, les femmes ont une forte position sociale. Les hommes sont paysans, pêcheurs, artisans et ouvriers agricoles. Les femmes sont des marchandes. "

 
Anonyme
21-02-06 à 16:01

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Rechercher :l'egalité des sexes peinture - Copernic : "29. Les marchandes de Juchitan... Centre de ressources pour l'égalité des sexes ... en soit, l'économi"