Lu sur Macité net : "Les questions relatives aux femmes et aux jeunes filles des quartiers continuent de se poser à ce jour et nécessitent la poursuite d'une réflexion constructive. Les questions relatives aux femmes et aux jeunes filles des quartiers continuent de se poser à ce jour et nécessitent la poursuite d’une réflexion constructive. En effet, leur quotidien est souvent difficile à porter et leur statut n’évolue pas dans le sens qu’on pourrait espérer. Le tableau de la condition des femmes dans les quartiers reste marqué par de durs constats. Il ne s’agit pas ici de verser dans le pessimisme, ni de prétendre établir une liste exhaustive de tous les problèmes qui les touchent. Pourtant il faut évoquer les réalités spécifiques qui malheureusement perdurent voire même s’aggravent et qui entravent leur émancipation.

On peut distinguer plusieurs sphères dans lesquelles évoluent plus ou moins facilement les femmes, des sphères qui se superposent dans la vie de tous les jours : sphère familiale, sphère du quartier, sphère professionnelle…De la même manière, les types de problèmes rencontrés le sont dans plusieurs ou dans toutes les sphères.

La violence par exemple, se retrouve à plusieurs niveaux. Physique, sexuelle, morale, verbale, la violence continue de rendre les femmes vulnérables et de leur enlever une part de leur dignité. Climat latent de violence dans le quartier, insultes proférées au sein de la famille ou de la cité, violences infligées par un conjoint ou un mari, viols, les femmes subissent divers degrés de violence au quotidien ou de manière ponctuelle. Une violence qui se conjugue avec le sexisme des jeunes garçons du quartier et parfois au sein de leur milieu professionnel. Sexisme également dans l’accès à une carrière professionnelle ou politique doublée par les discriminations dues à leurs origines en ce qui concerne les filles issues de l’immigration.

La précarité également touche ces femmes à différents niveaux, d’abord parce qu’elles sont issues des quartiers, elles subissent la précarité ambiante au même titre que les autres habitants. De plus certaines d’entre elles sont parfois privées des libertés élémentaires (comme celles de travailler ou d’étudier) à cause des pressions familiales, d’autres sont célibataires avec des enfants à charge ou filles-mères. Ces dernières cumulent alors bien souvent des problèmes d’ordre financier, d’emploi, voire de logement soit la précarité sociale avec la précarité professionnelle.

Le poids des traditions et de la religion reste un frein majeur à l’émancipation des femmes et des jeunes filles des quartiers. Les manipulations et les interprétations religieuses des hommes encore à l’ordre du jour les maintiennent bien souvent dans un statut d’infériorité. De même le poids de la famille (parents, frères, maris) est une entrave au libre choix et aux prises de décisions fortement influencées par les pressions plus ou moins violentes. Au-delà de la famille, la communauté peut être un cadre rigide. Les femmes issues de l’immigration sont encore jugées et condamnées pour leurs erreurs et leurs fautes parce que l’on peut appeler des « tribunaux communautaires »qui confortent l’infériorité de leur statut et leur manque d’emprise sur leur vie, leur liberté d’agir et leurs choix personnels. Les femmes et les jeunes filles des quartiers sont encore marquées par des contradictions internes en terme d’identité et d’émancipation, fruits de leur éducation, de leur religion, et à la fois de la société dans laquelle elles évoluent.

Dans le domaine de la sexualité par exemple, on peut constater un certain nombre de contradictions. C’est un domaine dans lequel elles subissent beaucoup de pressions de la part de la famille, de la communauté ou même du quartier. Le sexe est bien souvent tabou dans la sphère familiale, mais évoqué parfois de manière violente dans le discours au sein du quartier. Sexualité cachée et souvent non protégée, dure réputation des jeunes filles parce qu’elles ont une sexualité ouverte ou alors tout simplement parce qu’elles dévoilent leur féminité, les femmes et les jeunes filles des quartiers ne peuvent pas s’épanouir dans le domaine de la vie privée et de la sexualité au sein du quartier et de la famille et vivent à part, ailleurs, ce qu’elles ont à vivre.

De manière générale, les femmes et les jeunes filles des quartiers vivent dans l’isolement surtout lorsqu’elles sont confrontées à des problèmes tels qu’une grossesse non voulue, un viol, des coups, ou qu’elles sont privées de vie sociale. Elles nécessitent donc d’être écoutées, informées, orientées, accompagnées, soutenues.

Tous ces constats mettent en valeur la régression constante de la condition des femmes dans les quartiers, néanmoins il existe quand même de nombreuses femmes qui agissent et prennent la parole au sein de leur quartier afin de revendiquer leurs droits, soutenir certaines initiatives, être solidaires. Aujourd’hui, il est nécessaire que toutes ces initiatives se décloisonnent et que ces femmes se regroupent pour agir dans un cadre collectif."