Joueb.com
Envie de créer un weblog ?
ViaBloga
Le nec plus ultra pour créer un site web.
Débarrassez vous de cette publicité : participez ! :O)

Elargissement du cadre d'analyse féministe de la violence domestique masculine...
Lu sur Pénélopes : "Etudier la violence domestique dans les relations lesbiennes se donne pour but de dépasser la seule compréhension de la violence ; elle se veut contribuer à notre compréhension des rapports sociaux de sexe en partant d'une interrogation du système hétérosocial et des inégalités dans la classe des femmes. Cette étude permet de réaffirmer clairement que le système de domination et de hiérarchie fonctionne au-delà des catégories de sexe, tout en mettant en évidence le caractère construit des sexes. Elle apporte aussi un angle de vue qui prend en compte les différences entre les femmes et nous sort de l'image de la femme non-violente que la société hétérosociale produit. Soit, c'est déconstruire et interroger le système qui produit la hiérarchisation entre hommes et femmes.



a violence domestique dans les relations hétérosexuelles est un phénomène de plus en plus étudié et les résultats d'analyse se diffusent peu à peu à l'ensemble de la population. Ce climat de sensibilisation ouvre la voie à de nouvelles interrogations et permet de porter notre regard sur la question de la violence dans les relations lesbiennes. Si la violence hétérosexuelle a longtemps été considérée comme un phénomène privé et marginal, elle est de plus en plus étudiée et reconnue officiellement (ENVEFF, 2000), et devient un problème collectif et une question publique. Avant, l'ampleur du phénomène n'était pas véritablement mesurée tant ce dernier était invisible et tabou ; si ce n'est par des féministes et universitaires qui l'avaient auparavant dénoncé. Alors que des avancées notables sont réalisées dans un cadre hétérosexuel, nous commençons tout juste à percevoir et à analyser la violence dans les relations lesbiennes. Je mettrai ici en avant les enjeux à s'approprier cette problématique, à partir d'un état des lieux sur cette question et d'une confrontation avec l'analyse féministe traditionnelle. Se dessinera alors ce que cette question dérange : le système hétérosocial.
Je m'appuierai sur une recherche de DEA pour développer ces axes ainsi que sur des études précédentes : " Pré-projet autour de l'élaboration d'un programme d'intervention auprès des lesbiennes actrices de violence ", GIVCL, Montréal, 2001 ; " La violence domestique dans les relations lesbiennes ", Equipe Simone-SAGESSE, 2001 ; et " Le modèle hétéronormatif : influences et résistances à travers les couples de femmes et les lesbiennes ", UTM, 2000.
Etat des lieux et des connaissances sur ce phénomène
Ce sujet tend, récemment, à sortir de l'ombre en brisant deux mythes : le stéréotype de socialisation de femme (les femmes sont non-violentes naturellement) et la vision idyllique des relations lesbiennes (ce sont des relations entre égales, hors de tout enjeu de pouvoir). Le tabou existe, son ultime but est de passer sous silence ce que la violence dans les relations lesbiennes tend à déranger. C'est ce non-dit qu'il est question de mettre en lumière.
Les premières études se sont attachées à mesurer les taux de violence ; elles font état de taux suspicieusement disparates : entre 11% de l'ensemble de l'échantillon (Chesley et al., 1992) et 59,8% (Bologna et al., 1987) pour ce qui est de la mesure des violences physiques ; et entre 17% (Loulan et Nelson, 1987) et 95% (Bologna et al., 1987) pour ce qui concerne les violences psychologiques. (Source : Françoise Guay, 1999). Outre les biais – parfois aberrants – dans les instruments de mesure et dans la constitution même des échantillonnages, nous pouvons attribuer ces disparités à un phénomène plus large : nous ne pouvons pas quantifier et constituer en échantillons représentatifs les lesbiennes car nous ne connaissons pas leurs caractéristiques socio-démographiques en raison de l'invisibilité sociale du lesbianisme. Ainsi, ces études quantitatives ne visent pas à mesurer objectivement un phénomène social, elles répondent à d'autres logiques. En effet, en quantifiant ce phénomène, ces études semblent vouloir légitimer ou invalider l'existence de celui-ci. Elles mettent ainsi en lumière les enjeux de cette question : les femmes sont-elles aussi violentes que les hommes ou seuls les hommes sont-ils violents ? Je reviendrai sur ce point.
D'autres études, menées outre-Atlantique (Chesley et al., 1992 ; Hammond, 1989 ; Renzetti, 1989 ; Renzetti & Miley, 1996 ; Ristock, 1991 ; Ristock, 1994), ont dépassé ce tabou et ce sont inscrites dans une approche qualitative. Elles mettent en évidence l'existence de la réalité de violence chez les lesbiennes et permettent ainsi de réinterroger les mécanismes de la violence dans un cadre analytique plus large. Par contre, ces premières approches restent encore insuffisantes pour proposer une compréhension exhaustive du phénomène et par-là même une aide adéquate aux lesbiennes tant victimes qu'actrices de violence. Néanmoins, l'apport majeur de ces travaux porte sur la déconstruction des mythes existants autour de cette forme de violence pour enfin pouvoir la penser. La tendance actuelle des actions et études s'arrête sur l'adoption du cadre féministe pour comprendre cette violence, en le complexifiant par l'introduction des concepts d'hétérosexisme et de lesbophobie (Irène Demczuk, 1995) ; mais ce qui est avant tout mis en lumière, c'est l'absence d'analyse du point de vue des lesbiennes actrices de violence. A ce jour, ces études sont orientées par un climat d'urgence et visent à proposer des services répondant à la réalité des lesbiennes victimes de violence ; soit, il s'agit de recherches/actions en vue de développer des outils d'intervention sociale. Des études axées spécifiquement sur le processus de violence et ses mécanismes font aujourd'hui considérablement défaut ; de même que l'interrogation de ce phénomène dans une analyse des rapports sociaux de sexe.
Notons pour conclure que les recherches sur ce phénomène sont encore à un stade premier et que plusieurs courants s'affrontent laissant transparaître de fort préjugés sur la réalité lesbienne. En règle générale, ces études ne cherchent pas – ou encore trop frileusement – à définir ce que cette violence traduit du système hétérosocial. Notons ainsi qu'un nombre non négligeable d'études réalisées est le fait de femmes hétérosexuelles, ce qui est principalement explicatif de l'axe d'étude couramment adopté : ces études ne se confrontent pas directement au système hétérosocial alors que ce dernier se met en scène dans ce phénomène. Pouvoir le mettre en exergue, c'est déjà pouvoir l'identifier comme construction sociale et donc remettre en question son influence dans la construction de la violence dans les relations lesbiennes, et par élargissement dans les relations hétérosexuelles. Il devient nécessaire de se réapproprier cette problématique. Cette recherche s'insère ainsi dans les pistes de recherches qu'ont tracées les premières études féministes menées sur cette question et sur la violence domestique masculine. C'est ainsi qu'il apparaît indispensable de confronter cette étude avec l'analyse de la violence domestique masculine dans un cadre hétérosexuel.

Mise en parallèle avec la violence domestique masculine
Apports du cadre d'analyse féministe traditionnel
L'analyse féministe offre une ouverture considérable à l'analyse de la violence dans les relations lesbiennes ; car contrairement à ce que l'on a l'habitude de penser, elle n'exclut pas la réalité des femmes actrices de violences en affirmant que la violence domestique est masculine. Au contraire, exclure cette possibilité, ce serait entrer dans le mythe actuel de la violence masculine. Dans le cadre d'analyse féministe, nous ne pouvons ni affirmer que seuls les hommes seraient violents, ni que les femmes le seraient tout autant. Pour pouvoir ainsi intégrer et penser dans nos analyses la violence dans les relations lesbiennes, il faut mettre l'accent sur la distinction entre genre et sexe. C'est ainsi que Daniel Welzer-Lang nous montre que (à propos de la violence de femmes envers des hommes) : " Les femmes violentes que nous avons présentées sont le masculin, le pouvoir dans leur couple, là où les hommes battus représentent le féminin. Les violences qu'elles utilisent tant dans leur symbolique, les formes et leur définition sont des violences masculines domestiques. Le binôme de la violence, la double définition de la violence masculine domestique et le mythe qui les légitime s'appliquent dans l'ensemble des violences étudiées, quelles que soient les catégories sociales des dominants et des dominé-e-s : hommes, femmes, enfants. Le mythe de la violence masculine domestique est indépendant du sexe biologique de la personne violente. Mais ne parler que des hommes violents et nier ainsi les femmes violentes, correspond à une des formes actuelles du mythe. Cela accrédite la thèse sur la naturalité de la violence des hommes et évite de présenter la violence masculine domestique comme un phénomène social. " (Daniel Welzer-Lang, 1996 : 283)
Si la violence domestique masculine est d'ordinaire le fait des hommes, c'est avant tout parce qu'il y a une quasi-parfaite adéquation entre sexe et genre, mais avant d'être le fait d'hommes, la violence domestique est masculine. Ainsi, bien loin de mettre en question la violence masculine domestique, la mise en évidence de la violence dans les relations lesbiennes met en lumière la logique même du système : la violence est masculine, quel que soit le sexe biologique de la personne ; et les rapports sociaux de sexe ne sont pas des rapports figés et immuables mais des rapports construits. Cette perspective permet de déconstruire la naturalité des sexes. Ne pas rendre compte de la violence dans les relations lesbiennes, c'est soutenir la naturalité de la violence des hommes. C'est occulter le système qui la construit et la soutient.
Malgré tout, la violence dans les relations lesbiennes reste trop souvent impensable. Cela tient à la définition de la féminité dans notre culture : les femmes ne seraient pas violentes naturellement. Nous verrons plus loin de quoi participe ce mythe.
A ce jour, les connaissances sur ce sujet bénéficient des recherches faites sur la violence dans les relations hétérosexuelles, mais l'analyse n'y est pas pour autant symétrique. Ce sont ces points de convergences qui serviront de base à la compréhension de ce phénomène. Tout d'abord, les recherches menées font état d'un cycle de la violence qui serait fort semblable à celui rencontré dans les relations hétérosexuelles. Je ne détaillerai pas ici ce point, mais on peut rappeler synthétiquement son processus : la première étape illustre le quotidien du couple et la montée de la violence ; la deuxième équivaut à l'expression de la violence ; la troisième étape se traduit par la rémission ; et enfin la quatrième est qualifiée de lune de miel. La spirale de la violence poursuit aussi le même parcours : la violence se fait de plus en plus souvent et de plus en plus forte dans les formes. On parle en terme de paliers qui marquent l'aggravation de la violence. Enfin, on peut relever des convergences dans les conséquences (anxiété, dépression, insomnie, douleur physique, honte, baisse de l'estime de soi, isolement, auto-contrôle…) et sur les difficultés à sortir de cette relation ; avec néanmoins des variantes liées à des facteurs spécifiques aux lesbiennes (outing, lesbophobie intériorisée, situation de placard) qui complexifient ces conséquences et les raisons de la difficulté à sortir de la relation.
Je m'attarderai par contre sur les formes de la violence (violences psychologiques, physiques, sexuelles, économiques, verbales, contre les animaux ou les objets, contre les enfants, contre soi-même,…), qui se retrouveraient dans les relations lesbiennes violentes – avec toutefois des variantes : il semblerait que les lesbiennes font davantage état de violences psychologiques que de violences physiques. Ce qui n'exclut pas que les relations violentes lesbiennes peuvent être tout aussi violentes physiquement que les relations hétérosexuelles. Par ailleurs, en ce qui concerne la violence économique, un fait quelque peu déroutant apparaît dans plusieurs études : les lesbiennes victimes de violences, qui composent les échantillons, seraient d'une classe plus privilégiée sociologiquement et économiquement que leur partenaire, contrairement à ce qui se passe dans les relations hétérosexuelles où l'homme acteur de violence s'appuierait sur son statut social et économique pour asseoir sa violence. Ce fait nous permet d'invalider ou du moins de sous-estimer le poids des rapports de classe, d'âge, de culture ou encore d'ethnie. En effet, alors que l'on aurait pu penser que les rapports de domination dans un cadre lesbien ne seraient pas dus à un rapport de domination d'un genre sur l'autre, mais à des rapports de domination d'ordre ethnique, culturel, social ou économique, ce fait met en évidence qu'une telle analyse serait fausse. Néanmoins, lors d'une discussion avec Françoise Guay qui a fait une recension des écrits sur ce phénomène, celle-ci souligne que ces entretiens ont été réalisés dans un climat peu propice au dévoilement et que les premières lesbiennes qui ont alors accepté de répondre aux recherches étaient probablement mieux dotées socialement et économiquement – un phénomène observable dans de nombreuses recherches.
Le cadre d'analyse féministe de la violence dans les relations hétérosexuelles nous permet ainsi de soulever des zones d'ombres dans la compréhension de la violence dans les relations lesbiennes, tout comme il se présente à nous avec ses propres limites. Car s'il existe des convergences dans le modèle d'analyse, on ne peut pas dire que ce modèle soit suffisant pour rendre compte de la violence domestique dans les relations lesbiennes. Enfin ce modèle d'analyse n'est pas suffisant parce qu'être lesbienne dans une société hétérosociale n'est pas exempt de conséquences. Attachons-nous donc à identifier ces limites et engageons-nous dans les pistes vers lesquelles ce cadre d'analyse nous porte.

Les limites du cadre conceptuel traditionnel
La violence, d'un point de vue féministe, est définie comme étant la traduction d'un contrôle et d'un pouvoir que l'un exerce sur l'autre. On retrouve diverses définitions que l'on peut résumer à celle-ci : " Elle (la violence) sert à maintenir et à renforcer les privilèges masculins accordés individuellement et collectivement aux hommes dans l'espace domestique et dans l'espace public : le pouvoir mâle " (Daniel Welzer-Lang, 1996 : 90), et " Les constructions sociales du masculin et du féminin, produisant l'oppression des femmes et l'aliénation des hommes sont porteuses de violences. L'analyse des rapports sociaux de sexe nous montre qu'il n'y a pas de symétrie entre la position de sexe des hommes et des femmes " (Daniel Welzer-Lang, 1996 : 297).
Cette définition – comme toutes celles qui appartiennent au courant féministe – est liée à la domination masculine. Lorsque nous prenons connaissance de la manière dont est définie la violence dans les relations lesbiennes, nous retrouvons des points communs mais aussi des différences : " Une lesbienne est violentée quand elle se met à craindre sa partenaire, lorsqu'elle modifie son comportement à cause des abus subis ou par peur d'abus futurs, lorsqu'elle développe une conscience particulière ou adopte des types de comportements destinés à éviter la violence et ce, à l'encontre de ses propres désirs et préférences. Le pouvoir et le contrôle peuvent s'établir sans agression physique, par le biais d'agressions psychologiques ou verbales ". (Centre de Santé des Femmes de Montréal, 1995 : P.9)
Ainsi, tout comme dans les relations hétérosexuelles, il s'agit aussi de pouvoir et de contrôle que l'une exerce sur l'autre. Néanmoins, les explications et les causes de celles-ci ne sont pas directement transposables dans les mêmes termes, car : " les lesbiennes qui violentent leur partenaire cherchent à établir et à renforcer leur pouvoir sur celle-ci " (comme les hommes dans une relation hétérosexuelle). Par contre : " Par ce pouvoir et le contrôle qui l'accompagne, elles tentent de satisfaire leurs besoins personnels sans aucun égard pour les besoins et les désirs de l'autre " . (Centre de Santé des Femmes de Montréal, 1995 : 15)
A la différence de la violence masculine qui est légitimée par un système social de domination, la violence des lesbiennes ne s'inscrit pas dans un tel cadre, elle n'est pas légitimée socialement. Le rapport de pouvoir structurel, l'inégalité entre hommes et les femmes n'existe pas entre deux lesbiennes qui sont avant tout socialement des femmes. La violence entre lesbiennes n'a donc pas pour but l'affirmation, le maintien et le renforcement du pouvoir d'un groupe social sur un autre. C'est une domination qui n'est pas reconnue par l'idéologie patriarcale. C'est ce que souligne Irène Demczuk : " D'un point de vue social, il importe de souligner que la violence entre lesbiennes n'est pas une violence systémique : elle est un moyen d'assurer le contrôle personnel d'une individue sur sa partenaire. Elle n'est pas soutenue et renforcée par le mariage et la famille, la dépendance économique, la division sexuelle du travail, l'inégalité salariale statutaire entre les sexes et un système judiciaire plus tolérant envers l'agresseur. Elle n'est pas encouragée directement par la télévision, le cinéma, la pornographie. La violence des hommes envers les femmes, si ". (Irène Demczuk, 1993 : 6)
Enfin, le cadre d'analyse féministe traditionnel ne prend pas en compte la réalité des lesbiennes. Nous pouvons en décrire trois caractéristiques pour comprendre l'importance de leur rôle et pour mettre à jour les limites de l'analyse féministe faite dans un cadre hétérosexuel :
Le outing (rendre publique l'homosexualité de quelqu'un.e). Une lesbienne dans une relation de violence peut percevoir ou présupposer cette menace de la part de sa partenaire actrice de violence, et cette menace peut être exprimée comme telle lorsqu'elle tente d'obtenir de l'aide ou de s'enfuir de cette relation. Le outing est fortement lié à la lesbophobie et cette dernière tend alors à s'inscrire dans le quotidien, toujours prête à surgir, elle est latente. Elle tend à rythmer – consciemment ou inconsciemment – le quotidien de nombreuses lesbiennes qui sont obligées de jongler et de négocier avec ce qu'elles peuvent dire ou ne pas montrer. Insidieusement et quotidiennement, évoluer dans ce cadre conduit à oublier les restrictions que l'on peut poser sur nos vies.
La situation du placard. Si le outing est lié au placard, la situation même de placard entre en jeu dans la construction de la violence. Etre au placard signifie que les lesbiennes concernées ne font pas état de leur sexualité et du mode de vie qui en découle. Ne pas faire état de cela ou le dissimuler mène, par des stratégies d'évitement de toute relation et de toute situation discréditantes, à l'isolement. Gardons à l'esprit que c'est la société lesbophobe qui est responsable du fait que certaines préfèrent taire ce qu'elles vivent. Le couple lui-même peut s'inscrire dans ce processus de repli sur soi (au niveau familial et/ou amical et/ou professionnel…) car " l'être deux " peut apporter l'illusion de se protéger des agressions extérieures. Ceci peut conduire le couple à l'isolement et/ou à une fusion très forte qui favorisent les relations de contrôle, d'oppression, d'appropriation et de perte d' individualité. Ainsi, si le couple amène dans ces cas-là à se protéger de la violence extérieure, cette dernière peut apparaître à l'intérieur même du couple.
La lesbophobie intériorisée a deux conséquences sur cette violence. L'une renseigne sur les difficultés à sortir de la relation violente et l'autre est explicative de la violence. La lesbophobie pré-existe aux lesbiennes et produit des images négatives des lesbiennes, qu'elles ont intériorisées avant de se dire ou de se découvrir comme telles. Ces images peuvent empêcher toute identification positive et pousser à adopter le plus possible des comportements hétéronormés, tout comme certaines peuvent s'interdire de vivre une vie de couple en rejetant toute idée de vivre pleinement et librement leur relation. Aussi, la lesbophobie intériorisée explique l'invisibilité des lesbiennes qui ont peur du regard des autres parce que ce regard est aussi le leur (la stigmatisation leur a pré-existé). Il devient alors difficile dans ces conditions de chercher de l'aide quand on est dans une relation violente, il y a une crainte du jugement de l'autre - qui est aussi avant tout le leur. Enfin, elle peut empêcher toute forme d'identification positive car elle produit des modèles caricaturaux et insultants pour se penser – tant au niveau de sa sexualité et de son affectivité que dans l'ensemble des relations avec autrui ; ce dont on imagine fort bien les conséquences néfastes. La lesbophobie intériorisée peut aller jusqu'à une haine de soi, elle tend à s'inscrire dans les corps. Elle est aussi une façon de penser sa partenaire sous des cadres lesbophobe, hétéronormatif et sexiste.
Bien que ces conditions sociales du lesbianisme entrent dans l'analyse de la violence et qu'elles structurent la domination, ces conditions ne sont pas explicatives.
Explication de la violence et élargissement du cadre d'analyse hétérosexuel
En reprenant l'analyse de la violence masculine domestique dans une perspective féministe qui montre que les femmes peuvent aussi être violentes, nous pouvons soutenir que la seule variable de sexe est un frein à l'analyse. On ne peut accoler sur les catégories de sexe aucun trait de caractère, aucun rôle et comportement social différant d'un sexe à l'autre. Le sexe en soi ne peut servir de support à une quelconque hiérarchie. Au contraire, le genre – construit social – sert de support à cette différenciation. Le cadre théorique féministe traditionnel doit être élargi. On doit réinscrire l'analyse de la violence dans le système plus large qu'est le système hétérosocial.


Le système hétérosocial
Le système hétérosocial définit et structure la société selon des principes et des normes qui lui sont propres. Pour comprendre le système hétérosocial, il faut comprendre que la division sociale du genre (féminin/masculin) qui engendre des relations de dominants/dominées, n'a de sens que dans un système qui la produit ; et que la division sociale de sexe quant à elle est construite en fonction de la division hétérosexuelle du travail de reproduction. Ainsi, on pourra qualifier ce système hétérosocial comme étant le système qui produit le genre pour produire et naturaliser à son tour le sexe – ce système produit les catégories binaires homme/femme, homosexualité/hétérosexualité. Il repose sur la bicatégorisation et la bipartition et est constitutif d'une seule norme possible. Ce système hétérosocial est donc une pression sociale et un conditionnement à la normalité et s'impose comme étant le seul naturel et idéal. Il renvoie les hommes et les femmes (qu'il produit) à cette norme, modèles et grilles d'analyses binaires ainsi proposés. Se penser homme ou femme, c'est se penser dans des catégories idéologiquement construites et qui nous ont pré-existé. Ce système politique construit les rapports inégalitaires entre les sexes et ainsi, la domination masculine.
Ce qu'il faut retenir, c'est que ce système formate les hommes et les femmes, les hétérosexuel.le.s et homosexuel.le.s ; qu'il est à la base de la construction des rapports sociaux de sexe tels qu'ils apparaissent aujourd'hui. En effet, ce système est une configuration récente telle qu'il se présente aujourd'hui. Les représentations des genres et des sexes n'ont pas toujours été les mêmes (Thomas Laqueur : le passage du modèle du sexe au modèle des deux sexes au XVIIIe siècle). La variation des définitions et représentations apportées au sexe et au genre " remettent en question l'hypothèse généralement admise d'une hétérosexualité essentielle et immuable. Je soutiens que le terme 'hétérosexuel' définit une forme historique d'organisation des sexes et du plaisir liée à une époque ", (Jonathan Ned Katz, 2001 : 39)
La prise en compte de ce système nous renseigne sur la construction de la violence dans des relations hétérosexuelles et lesbiennes. Il faut comprendre que les lesbiennes n'échappent pas à ce conditionnement, et que c'est à l'intérieur même de ce système binaire et inégalitaire que les rapports de domination, de pouvoir et donc de violence prennent forme et sens (car c'est ce système qui produit les hiérarchies). Alors ce système hétérosocial fait qu'il n'y a pas d'échappatoire au " deux ". Le couple traditionnel est le lieu privilégié du contrôle et du pouvoir car l'un renvoie à l'autre ; le premier se mesure, se compare par rapport au deuxième. Du point de vue de la violence domestique, le système hétérosocial a pour conséquence l'inscription des relations dans la binarité. La binarité est construite sur la bipartition et la bicatégorisation, et rien de ce qui n'est social ne semblerait échapper à la hiérarchisation, et par là-même au pouvoir et au contrôle. Tout ce qui est binaire est coercitif. Enfin, dans ce cadre, nous pouvons dire que l'explication de la domination n'est pas que masculine, elle est aussi le fait de l'assignation des femmes à l'hétéronormativité.
Dans une relation lesbienne, il se jouerait des enjeux de pouvoir et de contrôle qui découleraient de cette vision binaire, construction hiérarchique du système hétérosocial. Les lesbiennes peuvent reproduire la dynamique des relations sociales et sexuelles hétérosexuelles car comme nous l'avons vu, la force du système hétérosocial réside dans la présentation immuable, naturelle et éternelle de son existence, avec une quasi-impossibilité de remise en question tant par les hétérosexuel.le.s que les homosexuel.le.s qu'il produit. Ou pour le dire autrement, Jonathan Ned Katz montre que : " Notre sens très ancré de l'hétérosexualité ne tient pas tant à sa longévité ou à son éternité qu'au fait que nous nous accrochons fermement à ce principe. Ceci est dû à l'emprise de la structure sociale hétérosexuelle actuelle et au pouvoir dogmatique qui nous empêchent d'envisager d'autres dispositions concernant les sexes et d'autres règles de la vie érotique " (Jonathan Ned Katz, 2001 : 146), alors que " L'hétérosexualité est une tradition inventée " (Ibid. : 174), elle est de construction récente.
Le système hétérosocial est constitutif de la violence dans les relations lesbiennes, et hétérosexuelles car ce système organise les rapports hétérosexuels et homosexuels.

Ses manifestations et cristallisations dans la violence
Le stéréotype de non-violence chez les femmes
Le système hétérosocial fonctionne à travers une complémentarité hiérarchique entre les hommes et les femmes, c'est ainsi qu'aux femmes est attribuée la non-violence : elles seraient naturellement douces, gentilles, dociles. Ce fait participe de l'invisibilité et du tabou qui existe autour de cette problématique. Enfreindre ce tabou nous amène à déconstruire le stéréotype de non-violence chez les femmes (qui sert de support à cette hiérarchisation) et à prendre en compte les différences entre les femmes. Montrer une hétérogénéité de la classe des femmes est incompatible avec la logique du système hétérosocial ; c'est montrer la construction sociale des classes de sexe, qui nous apparaît alors particulièrement fragile et artificielle. C'est mettre à mal l'apparence de naturalité des sexes. Croire en une homogénéité de la classe des femmes est foncièrement essentialiste et naturalisant ; c'est soutenir le système hétérosocial qui produit cette classe. Voici donc ce que cette problématique de violence chez les lesbiennes dérange. Sur un autre plan, ce stéréotype se retrouve dans les relations lesbiennes en maintenant l'illusion que ces relations, puisque entre femmes, ne peuvent pas être violentes. Le mythe des relations idylliques chez les lesbiennes est ainsi créé.

L'idéologie de l'amour associée au rôle féminin traditionnel
L'idéologie de l'amour – construit hétérosocial récent dans l'histoire (Pascale Noizet, 1996) – conditionne socialement les femmes en leur prescrivant le modèle de l'amour fusionnel (équivalent à abnégation) et de se mettre au service de l'autre (synonyme d'altruisme). Les lesbiennes n'échappent pas entièrement à son influence car il est le seul valorisé socialement. Parallèlement, la socialisation de femme valorise la dépendance à l'autre. Dans un tel cadre, la violence peut servir la différenciation des sexes : sachant que l'autonomie est de règle proscrite chez les femmes et qu'au contraire la dépendance (économique, sexuelle, physique, sociale…), l'abnégation et la fusion sont de cesse renvoyées et inculquées aux femmes, dans ce cadre-là, la violence peut être recherchée, tolérée, voire requise pour rappeler à l'ordre lorsque la partenaire tente d'acquérir une certaine autonomie. Cette violence sert à réaffirmer à l'autre sa place et son rôle de femme. Elle défend les intérêts patriarcaux et soutient donc par-là même le système qui la produit et la rend possible. En intériorisant l'organisation du système hétérosocial, les lesbiennes actrices de violence cherchent alors à conforter cet ordre pensé comme positif. L'autonomie revalorisée chez les femmes et dans les relations pourrait servir de base à des relations non-violentes.

La nécessaire complémentarité des genres et le couple traditionnel binaire
Dans un cadre hétérosocial, la complémentarité est nécessaire ; quotidiennement elle se réaffirme de façon très prescriptible. Le système hétérosocial se cristallise à travers le couple traditionnel binaire qui lui aussi se présente comme modèle universel de l'organisation des relations entre les sexes et comme seul valable et désirable dans les relations amoureuses. Ce modèle s'inscrit dans la complémentarité. Il est réducteur et est traditionnellement basé sur des relations de dépendance, de fidélité, de subordination, de domination et d'appropriation. Les rapports de domination à l'intérieur du couple sont ainsi à rattacher à la reproduction du système hétérosocial dans et par une approche binaire de la société et dans l'espoir d'atteindre cette complémentarité tant vantée. Les relations de couple sont ainsi construites dans la recherche chez l'autre de la complémentarité. La violence sert ainsi à réaffirmer la nécessaire complémentarité dans le couple binaire et la naturalité du système hétérosocial. Et comme les lesbiennes ne sont pas exemptes des conditionnements et des influences du système hétérosocial, elles peuvent être amenées à reproduire ces schémas. Cette politique d'inégalité régit les relations hétérosexuelles et par transposition homosexuelles. Les lesbiennes héritent ainsi de la violence de la culture du système hétérosocial. Catégorisation et invisibilisation des lesbiennes
Le processus d'invisibilisation des lesbiennes – qui permet de conforter la naturalité du système hétérosocial – et la lesbophobie sont sources d'isolement par rapport à la famille, aux ami.e.s, et parfois à la communauté lesbienne. Les liens avec la 'communauté' (une appartenance à un groupe de référence) apportent soutien à certaines dimensions de l'identité personnelle. Individuellement et dans une relation à deux, être coupé de cette 'communauté', c'est perdre reconnaissance, soutien et aide ; soit une perte de contact avec la société. L'invisibilisation qui peut se traduire par une vie sociale cachée n'est pas propice aux relations sociales et à un développement étendu de la sociabilité de lesbiennes. Etre coupé d'un groupe de référence ne permet pas d'intégrer des modèles positifs de relations lesbiennes ; cette situation peut contribuer au développement de relations violentes et augmenter les risques de dépendance. D'autres manifestations sont sources de violence, telles que les pressions à rester en couple de la part de la communauté lesbienne et les difficultés à trouver des partenaires dans un milieu restreint et clandestin.

Pistes d'ouverture dans l'analyse des rapports sociaux de sexe
Au-delà des points développés ci-dessus, nous pouvons nous engager dans une autre voie d'analyse : si les catégories de sexe et de genre ne sont pas statiques mais construites, alors nous pouvons constater que des femmes peuvent transgresser la place qui leur est attribuée et que les lesbiennes actrices de violence peuvent profiter d'une mobilité sociale de sexe qui est rendue possible par nos sociétés (Danièle Combes, Anne-Marie Daune-Richard et Anne-Marie Devreux, 2002). Ce qui signifie qu'il existe des rapports sociaux, et donc de domination aussi, à l'intérieur même des catégories de sexe.
Dans ce cadre, la violence lesbienne doit être pensable, il n'est plus tenable d'associer la violence à un sexe (bien qu'il soit aujourd'hui incontestable que les violences soient produites envers les femmes et par les hommes ; mais rappelons-le, c'est parce que nous sommes sous un modèle social des deux sexes qu'il y a une adéquation entre sexe et genre) et en parler ne remet pas en question l'analyse du système hiérarchique et de domination, au contraire c'est lui qui la produit. Ce système ne fonctionne pas en prenant appui sur les sexes, mais les fait apparaître naturels pour conforter son ordre ; admettre l'inverse, serait rester enfermé dans une vision essentialiste et non constructiviste. Penser la violence chez les lesbiennes, c'est penser la construction sociale du système hétérosocial. Ainsi, nous ne pourrions pas soutenir une rupture de ce système qui éclaterait sous le brouillage des catégories de sexe, car il y a une indépendance du genre par rapport au sexe. En conséquence, le développement des mobilités sociale de sexe ou les transgressions des genres ne remettent pas en cause le système, il évolue tout au plus ; car il s'agit toujours d'une mobilité dans un cadre hétérosocial et d'une mobilité à l'intérieur du couple binaire traditionnel.
Déjà, Nicole-Claude Mathieu nous avait fait part d'études ethnologiques qui rendaient compte d'un renforcement du système hétérosocial à travers des transgressions de genre. Par exemple, à travers l'étude des Gimi, elle nous montre une forme de transgressions les plus achevées dans laquelle il n'existait plus qu'un sexe et deux genres (nous sommes sous le modèle du sexe unique de Thomas Laqueur). A travers l'étude des berdaches qui avaient des relations sexuelles avec une personne du même sexe mais du genre opposé, nous constatons que " la bipartition du genre (la différence hétérosociale) suffit à cautionner la norme hétérosexuelle. " (NCM., 2002 : 74.75). Ou encore, les Azande du Sud-Soudan, ces guerriers célibataires qui pouvaient se marier avec des jeunes garçons qu'ils prenaient pour femme : ces " mariages (…) rendent compte de la primauté du genre hétérosocial (c'est-à-dire de la bipartition hiérarchique des tâches et fonctions dans la division du travail, y compris sexuel) et expriment parfaitement que l'inversion de sexe n'est pas obligatoirement une subversion du genre." (NCM, 2002 : 75). Et si l'inverse pour les femmes était réprouvé, nous pouvons noter néanmoins l'existence de telle relation, où ces femmes " (…) prenaient parfois les comportements de mari et de femme : le " mari " pouvant battre l' " épouse ", par exemple (…) " (NCM, 2002 : 75)
Ainsi, le système hétérosocial peut continuer à perdurer car il repose sur les catégories de genre et révèle ici très bien sa particularité d'être : la hiérarchie préexiste au sexe, il n'y a pas une prédominance du sexe sur le genre, à la base il n'y a pas deux sexes qui construiraient deux genres. C'est cette hiérarchisation qui préexiste et qui produit la différence des sexes. (Christine Delphy, 2001). Et inversement, un brouillage dans les rôles de sexe (les femmes/lesbiennes peuvent aussi manifester des comportements violents) ne signifie pas la fin de la hiérarchie et de la domination mais bien une évolution du système. Il y a interdépendance du système hétérosocial avec la violence. En effet, imaginons une société qui ne serait pas organisée par un système hétérosocial : cette société ne serait plus construite sur des valeurs masculines ou féminines mais sous d'autres valeurs et ce système ne produirait plus l'idéologie de l'amour romantique, il ne prescrirait pas l'inscription des relations sous le modèle du couple traditionnel binaire, donc il ne devrait plus rendre possible la violence dans les relations binaires puisque ces dernières n'existeraient plus.

En conclusion
Si le phénomène de violence entre lesbiennes n'était pas observable, cela voudrait dire que les femmes ne seraient naturellement pas violentes et que les relations lesbiennes seraient idylliques. Ce serait donc conforter les rapports sociaux de sexe et adopter un regard essentialiste et naturaliste. Nous voyons bien que le tabou qui existe autour de cette problématique vise à ne pas déranger le système hétérosocial. Ainsi, l'étude de la violence dans les relations lesbiennes met en avant ses incohérences mais la violence ne le remet pas en question pour autant, car elle est un produit hétérosocial. Et si la mobilité sociale de sexe est un marqueur dans l'évolution des rapports sociaux de sexe, elle n'est pas le marqueur de la fin de ces rapports. Elle atteste au mieux des glissements et des transgressions du genre dans une vision moderne des rapports sociaux de sexe en mettant en lumière les rouages du système hétérosocial.
Nous mesurons donc ici que le genre fonctionne indépendamment du sexe, que la hiérarchie peut trouver sa légitimité sur d'autres plans et s'inscrire à nouveau sur le modèle du sexe unique. Il peut exister un sexe ou plus aucun, tout en existant deux genres, ainsi la binarité des genres peut continuer à faire perdurer la hiérarchie et le système hétérosocial. La boucle est bouclée car ceci nous révèle le caractère construit de ce système qui fonctionne en dehors des catégories de sexe présentées comme naturelles et sur lesquelles ce système prendrait ses assises.

Bibliographie


Vanessa Watremez
Doctorante en sociologie à l'Université de Toulouse le Mirail, rattachée au laboratoire de recherche de l'Equipe Simone/Sagesse. C'est en DESS " Politiques sociales et rapports sociaux de sexe " qu'elle s'est intéressée à la problématique de la violence dans les relations lesbiennes. Dans le cadre de celui-ci, elle est allée approfondir ses recherches à Montréal au sein du GIVCL (Groupe d'Intervention en Violence Conjugale chez les Lesbiennes). Depuis, elle travaille avec ce groupe à la mise en place du premier groupe d'intervention francophone auprès des lesbiennes actrices de violence. Parallèlement, elle a organisé des débats (13ème festival de Cineffable à Paris…), animé des formations (CRDIF de Poitou-charentes…) et réalisé des brochures de sensibilisation sur cette question en France. Elle participe également à l'organisation de l'atelier "Lesbianisme/Féminisme" dans le cadre du 3ème colloque international des recherches féministes francophones (Toulouse, 2002).
Ecrit par libertad, le Mardi 21 Janvier 2003, 22:01 dans la rubrique Féminisme pour l'égalité.

Commentaires :

zigomatik
21-01-03 à 22:36

hum hum... C pas violent des relations saphiques! A mon avis, cela ne concerne qu'une minorité de filles...

 
libertad
24-01-03 à 23:35

violence ?

Bien sûr cette étude ne dit pas que toutes les relations saphiques sont violentes, ce serait absurde et mensonger. Non ce qui est tout à fait intéressant c'est que ce texte montre que la violence n'est pas une question de sexe mais de rapport de pouvoir et de domination au sein du couple.
En fait c'est la structure même du couple monogame et du renoncement de la liberté de chacun(e) qui est est au coeur des questions de pouvoir et des rapports de forces, masqués par l'idéologie dominante de "l'amour toujours". Certes dans le couple hétéro la violence conjugale est très majoritairement masculine, non pas parce que les hommes sont par essence violents mais parce que le pouvoir au sein de ces couples où la violence s'exprime est encore largement dominé par l'idéologie patriarcale. Toutefois les femmes ne sauraient s'exhonérer de l'analyse de la violence et des rapports de pouvoir et de domination, au sein des couples lesbiens, cette étude le montre bien mais aussi dans leurs rapports avec les enfants où la violence et le rapport de domination ne sont plus et de moins en mons exercé par les pères mais aussi et de plus en plus souvent par les mères lorsqu'elles se trouvent avoir la garde des enfants. Le problème de la violence et de son extinction, l'analyse des phénomènes de domination concernent tous les sexes, il nécessite aussi une remise en cause du couple monogame lieu de pouvoir et de reproduction de l'ordre social.

 
xen
26-01-03 à 14:00

Plusieurs remarques

1-l'article est beaucoup trop touffu à mon goût. le nombre des idées et arguments développés est ridiculement faible en rapport de la taille du texte. question de forme.
2-question de fond : le point de vue proposé (violence découlant de l'hétérosocialité) est intéressant mais exclusif et très réducteur. Que faites vous de la dimension psychologique personnelle des individus ? Un individu en état de souffrance peut développer des comportements violents envers ses proches : parents, enfants, partenaire (ou même parfois un animal). Eventuellement cette violence peut trouver son exutoire en dehors du foyer : délinquance, incivilité, vandalisme, racisme, hooliganisme. L'individu peut aussi retourner cette violence contre lui : errance sexuelle, prostitution, suicide, alcoolisme.

Dans ce cas de figure, il me semble approprié d'aller du général au particulier. Votre article traite un aspect particulier de la violence et propose une explication ad hoc au service d'une idéologie.

 
libertad
29-01-03 à 13:54

Re: Plusieurs remarques

Je suis tout à fait d'accord que la violence dans le couple ne peut être réduite à l'hétérosocialité, elle résulte à mon sens de la nature même du couple ( qu'il soit hétéro ou homo )comme lieu de reproduction du système familial, idéologique et lieu de reproduction des individus ( réparation de la force de travail, reproduction humaine).Ce phénomène peut être masqué grâce à l'amour, sentiment subversif et qui s'inscrit mal dans cette structure, pour ne pas dire carcan. Lorsque l'amour s'estompe, le couple devient enjeu de pouvoir, rapport de force, de domination et la violence n'est qu'un des moyens de cette domination. On est bien loin de l'hétérosocialité, car la violence concerne tous les sexes et au-delà des sexes, les rapports de pouvoir avec les enfants et tous les rapports sociaux de domination, y compris avec les non huamains ( animaux ).

 
xen
29-01-03 à 14:20

alternative aux rapports dominant-dominé

Libertad, je réalise que tu n'es pas l'auteur de l'article, ce qui ne remet pas en cause ce que j'en ai dit dans le fond, mais qui rend la forme incongrue : ça prend une allure don quichottesque !

Je constate aussi avec plaisir que tu publies des articles avec lesquels tu es éventuellement en désaccord puisque tu me rejoins dans ton commentaire.

Mais j'en viens au plus important qui est de poser une question qui me préoccupe depuis des années.

En regardant les reportages animaliers et la littérature qui traite des rapports chez les mammifères, il semblerait que ceux-ci fonctionnent aussi sur la base du rapport dominant-dominé.

Aussi je me pose une double question :

1-est-ce que c'est notre propre mode de fonctionnement à nous humains que nous plaquons par anthropocentrisme sur l'animal, en lui attribuant ce mode de relation dominant-dominé ? autrement dit, est-il possible de penser les rapports "sociaux" chez les mammifères à partir d'autres principes explicatifs, ce qui constituerait une révolution !?

2-si cette interprétation classique peut finalement être considérée comme juste, est-il possible d'envisager que l'être humain se détache de ce mode de fonctionnement et trouve d'autres alternatives ?

 
Gorillaz
03-05-03 à 19:23

Re: alternative aux rapports dominant-dominé

Depuis que l'Homme a appris à marcher, son but est de s'élever au-dessus de tout pour devenir maître de son destin.
Ce qui implique la violation des lois naturelles qui ne sont que "chasseur-proie".
L'Homme a décidé d'instaurer la sécurité qui a bien du mal à fonctionner correctement à cause des religions, de l'économie et par-dessus tout de la "nature humaine".
Il est fondamentalement impossible que la nature ait pu construire une relation dominant-dominé sans l'aide de l'homme; les seuls dominants sont les plus forts, les autres sont des proies tout simplement.
Ainsi se résume la relation homme-animal aujourd'hui.
Bien sûr t'as un chien, un chat, un poisson rouge, une tortue, etc... mais si tu pouvais pas te fournir à ton supermarché tu serais bien obligé de les bouffer... c'est dégueulasse mais c'est nous qui devons bouffer tous les autres et qui devons nous bouffer entre nous.
L'Homme a toujours essuyé un échec face à la nature; même si nombreux sont ceux qui croient avoir réussi à l'améliorer, ils ont tous tort étant donné qu'au départ le monde était parfait et qu'aujourd'hui il périclite.
Je ne pense pas que l'Homme puisse un jour faire aussi bien que la nature.
Seule la voie naturelle nous apportera la satisfaction d'être maître de notre destin, malheureusement elle est déjà en voie de disparition.