Peut-on aimer en toute infidélité ?
Lu sur psychologies.com : "Philosophe et enseignant, Michel Onfray a publié une quinzaine douvrages, dont Théorie du corps amoureux (Grasset, 2000),La Sculpture de soi (LGF, 1996), La Politique du rebelle (LGF, 1999), et les deux premiers tomes de son journal hédoniste, Le Désir d'être un volcan et Les Vertus de la foudre (LGF, 1998 et 2000). Le troisième tome, L'Archipel des comètes, paraîtra cette année.
Psychologies : Votre dernier ouvrage, Théorie du corps amoureux, invite au libertinage attentif. Quelle différence cela fait-il ?
Michel Onfray : Dans mon esprit, un libertin se doit dêtre attentif. Chaque époque contamine le libertinage avec ses travers : le libertinage est féodal avant la Révolution française, bourgeois pendant le XIXe siècle, consumériste dans les années 70-80. Autant dire que, depuis au moins deux cents ans, il est peu soucieux de l'autre. Celui que je propose tâche dêtre libertaire, féministe et égalitaire. Il suppose que les hommes et les femmes disposent de la même liberté, autonomie, indépendance. Le projet libertin induit le souci de l'autre, l'intérêt pour ses désirs, la quête de son plaisir, la demande de ses volontés dans la perspective de construire à deux une expérience sensuelle et libertine.
Quest-ce que l'amour pour vous ? L'avez-vous rencontré ?
C'est l'état dans lequel on se trouve quand on ne peut faire l'économie de la présence ou de l'existence de l'autre sans douleur. Il peut prendre des formes multiples. Bien sûr que je l'ai rencontré. Mais je ne vous dirai ni avec qui, ni quand, ni comment.
Pourquoi dissociez-vous amour, désir et plaisir ? L'idéal n'est-il pas déprouver tout cela pour une même personne ?
Je les dissocie parce que, dans la réalité, tous ces registres sont naturellement distincts. Cest la culture et la civilisation qui, pour des raisons idéologiques sécuritaires, ont intérêt à laisser croire que tout cela se tient. Quant à l'amour idéal, il est toujours une catastrophe. Viser l'idéal, qui par principe n'existe pas, c'est aller au-devant de déceptions, de frustrations et de malheur. Il n'existe pas d'homme idéal, de femme idéale, de relation idéale. Rien dautre que des histoires possibles, à vivre le plus loin possible de la douleur et le plus près du plaisir.
Pour vous, la fidélité, c'est quoi ?
Il faut la redéfinir. Elle n'est pas, pour moi, l'exclusivité sexuelle, qui suppose la propriété de l'autre, sa transformation en une chose dont on jouirait pour soi seul. La fidélité, c'est la mémoire incarnée. On est fidèle quand on tient ce pour quoi on s'est engagé. Infidèle quand on ne sy tient pas. A charge pour chacun de ne pas promettre plus qu'il ne peut tenir.
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Psychologies : Votre dernier ouvrage, Théorie du corps amoureux, invite au libertinage attentif. Quelle différence cela fait-il ?
Michel Onfray : Dans mon esprit, un libertin se doit dêtre attentif. Chaque époque contamine le libertinage avec ses travers : le libertinage est féodal avant la Révolution française, bourgeois pendant le XIXe siècle, consumériste dans les années 70-80. Autant dire que, depuis au moins deux cents ans, il est peu soucieux de l'autre. Celui que je propose tâche dêtre libertaire, féministe et égalitaire. Il suppose que les hommes et les femmes disposent de la même liberté, autonomie, indépendance. Le projet libertin induit le souci de l'autre, l'intérêt pour ses désirs, la quête de son plaisir, la demande de ses volontés dans la perspective de construire à deux une expérience sensuelle et libertine.
Quest-ce que l'amour pour vous ? L'avez-vous rencontré ?
C'est l'état dans lequel on se trouve quand on ne peut faire l'économie de la présence ou de l'existence de l'autre sans douleur. Il peut prendre des formes multiples. Bien sûr que je l'ai rencontré. Mais je ne vous dirai ni avec qui, ni quand, ni comment.
Pourquoi dissociez-vous amour, désir et plaisir ? L'idéal n'est-il pas déprouver tout cela pour une même personne ?
Je les dissocie parce que, dans la réalité, tous ces registres sont naturellement distincts. Cest la culture et la civilisation qui, pour des raisons idéologiques sécuritaires, ont intérêt à laisser croire que tout cela se tient. Quant à l'amour idéal, il est toujours une catastrophe. Viser l'idéal, qui par principe n'existe pas, c'est aller au-devant de déceptions, de frustrations et de malheur. Il n'existe pas d'homme idéal, de femme idéale, de relation idéale. Rien dautre que des histoires possibles, à vivre le plus loin possible de la douleur et le plus près du plaisir.
Pour vous, la fidélité, c'est quoi ?
Il faut la redéfinir. Elle n'est pas, pour moi, l'exclusivité sexuelle, qui suppose la propriété de l'autre, sa transformation en une chose dont on jouirait pour soi seul. La fidélité, c'est la mémoire incarnée. On est fidèle quand on tient ce pour quoi on s'est engagé. Infidèle quand on ne sy tient pas. A charge pour chacun de ne pas promettre plus qu'il ne peut tenir.
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Ecrit par libertad, le Dimanche 8 Décembre 2002, 23:47 dans la rubrique Sexualité et amour libre.
Commentaires :
Re: pauvres de nous
Amour, désir et plaisir peuvent être unis ou séparés, je crois qu'il n'y a pas de normes et la société effectivement veut nous imposer des normes, en particulier pour les femmes qui devraient se conformer à ce modèle unique de l'amour toujours et unique. Des femmes de plus en plus nombreuses refusent ce modèle et c'est tant mieux!
pauvres de nous
Pourquoi dissociez-vous amour, désir et plaisir ? L'idéal n'est-il pas déprouver tout cela pour une même personne ?
Je les dissocie parce que, dans la réalité, tous ces registres sont naturellement distincts. Cest la culture et la civilisation qui, pour des raisons idéologiques sécuritaires, ont intérêt à laisser croire que tout cela se tient.
ça me semble fondamental. m'enfin c'est pas donné à tout le monde de pouvoir s'affranchir de conditionnements si puissants ! surtout à titre individuel...