Durant la dernière partie du vingtième siècle, un curieux phénomène se produisit : les féministes de la gauche radicale pendant ces années, ont longtemps prêchées - comme dans les évangiles -, que la prostitution est une violation des droits humains et une exploitation sexuelle, ce qui a d'ailleurs fait le jeu des conservateurs religieux, tous trop heureux d'accepter les nouveaux slogans pour leur croisade morale historique contre la prostitution. Pour la plupart de ces conservateurs, ayant perdu la sympathie du public avec leur croisade contre des choix personnels tels que l'homosexualité et l'avortement, et en demande d'une nouvelle guerre sainte pour réinspirer leurs congrégations, ils leur fallait juste changer les mots pour que cela ne soit pas perçu comme une nouvelle campagne « morale », et surtout essayer d'atteindre de nouveau par ce moyen les gens en général.
Chez les féministes de la gauche radicale, le jargon était connu avec l'expression d'« anti-trafic » , concernant la lutte contre l'exploitation sexuelle des femmes et des enfants, mais pas dans celle d'un combat contre le comportement immoral, persuadant ainsi le grand public, qu'il fallait impérativement de nouvelles lois et des dépenses en millions de dollars pour « secourir » les « sexuellement exploitées. » Qui n'aurait pas réagi rien qu'à la pensée que des enfants et des jeunes femmes sont obligés de faire des actes sexuels contre leur gré, forcés par des hommes emplis de convoitise ? Qui ne se serait pas légitimement battu rien que de savoir que des proxénètes avides font des milliards de dollars, grâce à l'exploitation d'humains ?
Seulement il y avait un problème : les prostituées avaient déjà commencé la lutte pour leurs droits avant le début des années 1970 et étaient devenues combatives pour réclamer la décriminalisation de la prostitution consentie entre adultes.
Dans le monde, les organisations des droits des prostituées ont débuté avec, et s'articulaient politiquement, avec des femmes jeunes, « intelligentes » et des hommes ayant cru dans le credo original et féministe d'autodétermination. Nous, nous avions l'audace de penser que le mantra « mon corps, mon choix » pour les droits à l'avortement nous concernaient aussi et était valable pour nos corps.
Pouvez-vous imaginer notre surprise quand nous avons entendu dire qu'il n'y avait dans de telle propos aucun lien ni « choix » a s'être engagées dans le sexe commercial !?
« L'exploitation sexuelle » est un concept subjectif et exige l'usage d'autres mots, incendiaires et trompeurs, pour le renforcer. Les féministes radicales et les conservateurs religieux les ont adoptés, pour en rendre l'approche réductrice, et simplement pour rejeter la voix des activistes qui souhaitent êtres entendues et qui favorisent la décriminalisation du sexe, privé ou commercial, consentant, entre adultes.
Les féministes radicales et les conservateurs religieux insistent évidemment sur le fait qu'aucune distinction ne doit être faite entre le commerce du sexe avec des adultes et le véritable esclavage sexuel. En utilisant les statistiques de l'application de la loi - qui ne font pas de différence entre les prostituées adultes consentantes et les personnes qui sont contraintes à l'esclavage du sexe - la communauté globale est dupée par le fait qu'on lui fait croire qu'il y a probablement des millions de victimes de trafics à travers le monde et qui ne sont que des « esclaves modernes d'aujourd'hui. »
Sans clarification, ces statistiques sont vraiment alarmantes et choquantes, et certainement si on n'y fait pas la distinction entre le trafic d'êtres humains, la contrainte sur les personnes et l'implication de mineures forcées. C'est évidemment là sans aucun doute un problème très sérieux.
Je voudrais rajouter que la violence domestique dans le mariage et les autres « rapports » non-commerciaux entre adultes, sont également un autre problème sérieux. Une visite dans un abri pour femmes battues, par n'importe qui, suffit à faire comprendre que la violence domestique est une aberration et non une norme, et rendrait enclin à criminaliser le mariage afin de protéger les femmes contre de telles violences.
Comment aussi imaginer la loi si elle ne faisait pas la distinction entre l'acte d'abus sexuel et le viol d'un enfant et le consentement entre adulte ; comment est-ce que les victimes d'abus sexuel pourraient êtres aidées, si on arrête chaque adulte qui s'est engagé dans un acte sexuel consentant ?
Les victimes elles-mêmes du viol seraient-elles aidées si elle étaient arrêtées ?
Est-ce que le fait de croire que d'arrêter une prostituée « pour son propre bien » est d'une valeur quelconque ?
Si la prostitution est en soit une exploitation , pourquoi les prostituées sont-elles alors considérées comme des criminelles ?
Il est temps de changer les lois de sorte que la police et les agences internationales puissent vraiment aider celles qui sont véritablement forcées à l'esclavage sexuel, et même tout type d'esclavage. De décriminaliser toute la prostitution privée et consentante entre adultes et permettre à des hommes et à des femmes de déterminer quand et si nous sommes des victimes d'exploitation.
Quand nous aurons besoin d'êtres sauvées, nous promettons que nous vous appellerons.
Norma Jean Almodovar, est une prostituée retraitée et une ancienne employée du LAPD (Los Angeles Police Department). Elle est la fondatrice et présidente de la ISWFACE (Fondation Internationale d'Ouvrières du Sexe, pour l'Art, la Culture et l'Education) et directrice exécutive de COYOTE LA.
Traduction par Mirobir d'un texte en anglais paru sur cette page : http://www.ifeminists.net/introduction/editorials/2005/0126almodovar.html
Au sujets des « madeleines » :
http://www.marathon.fr/ficheprogramme.php?IDFICHE=119&CODELANGUE=FR&IDCAT=17
http://club-culture.com/cinema/madeleine.htm
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